Il est jeune. Il parle des « vraies affaires » et s’intéresse au « vrai monde ». Et à Québec, il chamboule un peu le paysage électoral en tentant de doubler par la droite le maire sortant Régis Labeaume. Entrevue avec Jean-François Gosselin, chef de Québec 21.
Issu d’une formation créée au printemps, Jean-François Gosselin estime avoir le vent dans les voiles. « On a une belle présence médiatique », affirme le principal intéressé au bout du fil. « De plus en plus, les gens nous connaissent; il y a un vent de changement à Québec, les gens veulent savoir ce que nous avons à dire, qui nous sommes… »
Pour M. Gosselin, ce désir de changement s’explique par l’attitude de l’administration sortante. « Cela fait 10 ans que (l’administration Labeaume) est en place, le maire est quelqu’un qui est très arrogant… Avant, il n’y avait pas vraiment d’alternative, et nous arrivons comme une nouvelle option. Plusieurs personnes veulent en apprendre davantage, veulent nous connaître un peu plus. Nous sommes ainsi très présents sur les médias sociaux et dans les médias traditionnels. »
Le chef de Québec 21 ne considère pas, d’ailleurs, que son adversaire Anne Guérette, cheffe de Démocratie Québec, représente une alternative viable à Régis Labeaume. « En fait, Démocratie Québec a beaucoup des mêmes idées que l’administration en place. Depuis plusieurs années, cela devenait un vieux couple, des concours de personnalité, plus de taxes, plus de gros projets, des projets structurants de transport en commun », mentionne-t-il.
« Nous, nous arrivons avec une autre vision, qui est en fait passablement la même chose que proposait le maire Labeaume en 2007, où l’on parle de mieux gérer l’argent public, de revoir les grosses dépenses farfelues. Nous, nous voulons optimiser ce que nous avons déjà, accomplir un meilleur travail avec le transport en commun, par exemple. C’est une autre idée, une autre vision, une alternative à ceux qui sont en place depuis 10 ans. »
Jean-François Gosselin en a par ailleurs un peu contre ceux qui le décrivent comme le « candidat des radios de Québec ». Et ce même si plusieurs grands animateurs des stations de la capitale appuient ses plans donnant la priorité au développement routier et à la circulation automobile.
« Les gens de Québec sont politisés, sont dynamiques… les radios font partie de Québec autant que les autres médias, mais je dirais que nous sommes principalement des gens de terrain, des gens qui sont habitués de faire avancer leur dossier, d’être à l’écoute. Ce ne sont pas des politiciens de carrière. »
La voiture avant tout
Pour M. Gosselin, un exemple de cette préoccupation pour les dossiers « de terrain » est son intention, s’il est élu maire, de réduire le nombre d’interdictions de tourner à droite au feu rouge sur le territoire de la ville. Il envisage également de faire modifier les feux de circulation pour que ceux-ci clignotent la nuit. L’idée consiste ainsi à « améliorer la fluidité ».
Ne serait-il pas alors plus logique d’investir dans des services de transport en commun pour carrément réduire le nombre de voitures circulant sur les routes, et ainsi accroître la fluidité en question?
À cette question, Jean-François Gosselin esquive et affirme plutôt qu’il propose un service de navettes qui circulerait à partir du stationnement du Centre Vidéotron. « C’est une solution qui est concrète, qui aurait du sens, parce que les gens prendraient (la navette). » Pour la somme d’un dollar, les citadins pourraient ainsi « aller reconduire leurs enfants à l’école », puis se stationner au nouvel amphithéâtre. « On utiliserait le transport en commun comme un service », ajoute-t-il.
« C’est quelque chose que nous avons amené dans la campagne: le transport en commun est un service, pas une religion. Trop souvent, les gens disent qu’ils sont pour le transport en commun, et qu’il faut mettre davantage d’argent. Mais ce n’est pas ça le but; le but c’est que le transport en commun soit efficace, pour que les gens puissent circuler rapidement. »
M. Gosselin va jusqu’à affirmer que le maire sortant est responsable de l’accroissement de la circulation automobile et de la congestion dans les rues de la capitale. « Monsieur Labeaume est en train de montréaliser Québec; on entend beaucoup à Québec que « c’est moins pire qu’à Montréal ». Hé bien justement, on ne veut pas devenir comme Montréal, ça commence à nuire à notre développement économique parce qu’il y a des entreprises qui ne viennent pas s’installer à Québec, puisque leurs employés ne sont pas capables de se rendre au travail. »
Aux yeux de Jean-François Gosselin, la voiture et l’augmentation de la capacité routière semblent être la solution à tous les problèmes de la ville. Le candidat faisait d’ailleurs récemment connaître sa volonté de bloquer le projet d’agrandissement de la bibliothèque Gabrielle-Roy, dont les coûts avoisinent les 40 millions $, avec 32,6 millions tirés des coffres de la Ville. « Les 32,6 millions d’argent et de taxes des contribuables de la ville de Québec n’iront pas à faire un cube lumineux avec la bibliothèque de Québec », a-t-il déclaré lors d’une mêlée de presse, tel que rapporté par Le Journal de Québec.
Cette vision du tout à l’auto s’étend également au dossier du troisième lien, qu’il soutient entièrement. Encore une fois, ne vaudrait-il pas mieux investir dans un projet de transport collectif, plutôt que de laisser la congestion s’accroître au point de nécessiter un nouveau pont ou tunnel avec Lévis? Pas question, rétorque M. Gosselin, qui voit dans un troisième lien une capacité de « dévier le trafic » en cas de blocage du pont Pierre-Laporte. D’autant plus, dit-il, que le « trafic lourd » est interdit sur le Pont de Québec, qui commence à trahir son âge.
Le chef de Québec 21 concède néanmoins qu’il pourrait y avoir du transport en commun sur ce nouveau troisième lien.
À condition, dit-il, qu’on ajoute une voie supplémentaire à l’ouvrage routier.
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