Un homme se réveille en prison. Pourquoi est-il enfermé? Qui est ce mystérieux Howard dont la voix désincarnée est accompagnée du regard impassible d’une caméra de surveillance? Le thriller de science-fiction Infinity Chamber offre un aperçu intéressant d’un monde privé de son humanité. Mais est-ce vraiment le cas?
Écrit et réalisé par Travis Milloy, Infinity Chamber dispose clairement d’un budget limité. Rien de bien surprenant, après tout, pour un titre sortant directement sur les plateformes numériques – aux États-Unis dès le vendredi 15 septembre, puis à l’international d’ici la fin de l’année, et ensuite en 2018. Mais alors que les productions à plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de millions sont paradoxalement trop souvent limitées par des responsables des grands studios désireux d’engranger les profits, et qui doivent donc habituellement s’en tenir à des idées convenues, Milloy dispose ainsi de son propre terrain de jeu cinématographique, et s’en donne à coeur joie.
Cette Infinity Chamber, c’est d’abord le jeu de Frank, dont le rôle est interprété par Christopher Soren Kelly, surtout un habitué des courts-métrages. Frank, donc, affirme être emprisonné par erreur. Les jours passant, toutefois, d’étranges souvenirs semblent refaire surface pendant qu’il dort ou laisse son esprit vagabonder. Des souvenirs d’un café, d’une employée envers laquelle il finira par développer des sentiments. Tout cela est-il réel? Ou s’agit-il en fait d’une technique mise au point par ces geôliers, l’organisation militaire ISN, pour débusquer les secrets cachés dans son esprit et ainsi remporter la victoire contre les forces rebelles qui menacent l’ordre établi aux États-Unis?
Infinity Chamber, c’est aussi un dialogue avec Howard, ce préposé pince-sans-rire dont la tâche consiste à maintenir Frank en vie. Entre les deux personnages se développera éventuellement une relation d’amour-haine qui permettra de faire avancer l’histoire. Howard, après tout, travaille pour ceux qui ont fait enfermer Frank. Ce gardien a toutefois ses propres secrets que notre protagoniste tentera de mettre au jour.
Croisement audacieux entre THX 1138 et 2001, l’Odyssée de l’espace, Infinity Chamber réussit là où bon nombre de superproductions aux effets spéciaux délirants ont échoué: le film crée la surprise, se montre agréablement subversif et évite les pièges du genre. Pas ou peu de mièvrerie ou de solutions de facilité, donc. Le résultat est solide, et est certainement à classer parmi les bons coups de la SF qui fait réfléchir.
À voir.