Le futur: dans les rues de Los Angeles, les soldats lourdement armés font régner la terreur d’un état d’urgence perpétuel. Et à la nuit tombée, de sinistres drones prennent le relais, avec le pouvoir de vaporiser toute personne s’opposant à l’ordre établi. Nous sommes en 2015. Bienvenue dans Colony.
Diffusée sur les ondes du USA Network, chez nos voisins du Sud, Colony est une télésérie de science-fiction se déroulant dans une Los Angeles non seulement occupée par des forces extraterrestres et leurs collaborateurs humains, mais également scarifiée par un gigantesque mur d’enceinte scindant la « colonie » métropolitaine en divers blocs où règnent ce qui ressemble fort à des dictateurs.
Moins d’un an après l’invasion extraterrestre, la vie sur Terre a changé du tout au tout. Les grandes villes de la planète semblent être réduites à l’état de camps de concentration où les humains tentent aussi bien que mal de retrouver une vie normale, quand la fureur extraterrestre n’a pas plutôt donné lieu à un anéantissement pur et simple. Et gare aux dissidents: ceux qui ne sont pas sommairement exécutés par l’armée des collaborateurs sont envoyés à « l’Usine », un complexe secret d’où nul ne revient.
Dans cet enfer postapocalyptique, on retrouve Josh Holloway (Sawyer dans la série Lost), un ex-agent du FBI reconverti dans les petits trafics. À ses côtés, son épouse Sarah Wayne Callies (Lori dans The Walking Dead), et leurs trois enfants. Enfin, leurs deux enfants, puisque le troisième s’est retrouvé de l’autre côté du Mur lors de l’invasion, rendant impossible toute apparence de « vie normale » pour sa famille.
Arrêté alors qu’il tentait de passer en douce dans un autre « bloc » pour justement y chercher son fils, Will Bowman (Holloway) devra accepter de travailler pour les forces de sécurité du bloc pour garder sa famille en vie, éviter de se retrouver à l’Usine, et avoir une chance de revoir son fils. Le hic, c’est que sa femme, elle, a rejoint les rangs d’un groupe rebelle qui lutte violemment contre l’envahisseur.
Colony, une création de Carlton Cuse (producteur de Lost, tiens donc!) et Ryan J. Condal, joue la carte du « réalisme ». Enfin, autant que faire se peut lorsqu’il est question d’une invasion extraterrestre. Du fait de cette invasion, justement, les travers de la société humaines ont été poussés à l’extrême: d’un côté les petites gens, qui vivent de rations dans la peur des autorités. De l’autre, les riches et leurs privilèges, derrière leurs murailles et leurs gardes de sécurité. À l’image de Lost, ou encore de Game of Thrones, ce sont les machinations politiques et les conflits intestins qui occupent l’attention du téléspectateur. Quant aux extraterrestre, on aura beau écouter l’intégralité des 10 épisodes de la première saison, bien malin sera celui qui pourra décrire leurs motivations, les raisons derrière le maintien de la population humaine en semi-esclavage, ou même leur apparence physique. Qu’il s’agisse d’une tactique des scénaristes pour multiplier les épisodes à petit déploiement ou d’un arc narratif particulièrement complexe, le procédé fonctionne: on enfile les épisodes les uns après les autres en espérant en apprendre plus. Surtout que même les méchants haut placés n’en savent pas beaucoup plus que le téléspectateur lambda.
Peut-être que la série finira par s’embourber dans ses contradictions (Lost, encore), ou se retrouvera coincée, à quelques épisodes de la fin, et sans dénouement clair à l’horizon (Game of Thrones vient ici à l’esprit). Quoi qu’il en soit, pour les abonnés du service Netflix, cette première saison s’écoute de façon tout à fait acceptable, pour un divertissement de science-fiction de qualité. Et lorsqu’il est question de téléséries, rares sont les titres minimalement originaux qui peuvent prétendre susciter ce genre d’intérêt.