L’intensité de la poignée de main américano-nippone du 10 février a indiqué au premier ministre canadien de bien se muscler les mains pour son rendez-vous de lundi avec le président américain, décrit comme un solitaire par le quotidien argentin La Nacion et comme un fasciste par des parlementaires islandais, d’après le webzine Reykjavik Grapevine.
À Washington, tous les soirs vers 18h30, les agents des Services secrets se réunissent dans les couloirs sombres de l’aile ouest pour escorter le président Donald Trump à sa résidence. Pour certains présidents, la courte promenade du Bureau ovale à la résidence de la Maison Blanche est un chemin vers la famille, un semblant de vie normale. Alors que pour d’autres présidents, la résidence imposante fut le lieu d’entretiens avec les parlementaires jusqu’à tard dans la nuit. Pour le nouveau président, la vie à la Maison-Blanche se résume jusqu’à maintenant à une existence plutôt solitaire, rapporte La Nacion le 9 février.
À New York, il vivait au sommet de la Trump Tower avec son épouse et son fils plus jeune, entouré de ses fils plus vieux occupés avec leur famille. À Washington, il a passé ses premières nuits seul n’étant en contact avec le monde extérieur que par son téléphone et sa télévision. En dépit de ses escapades de fin de semaine et du fait de se sentir comme dans un décors de cinéma, le nouveau président tente de recréer la même routine qu’il avait dans son penthouse new yorkais préférant passer ses soirées avec ses amis, sa famille et son téléviseur qu’avec le milieu mondain de Manhattan.
Lors d’une partie de golf avec le premier ministre japonais, Shinzo Abe, le président Donald Trump ne voulait pas être photographié par les journalistes, rapporte El Pais le 11 février. Alors il a fait couvrir de manière improvisée les fenêtres de la salle de presse dans le sous-sol du club de golf avec des sacs de plastique noirs. Il s’agit d’un geste trivial pour une rencontre diplomatique.
Cette description de l’homme souligne un décalage entre M. Donald Trump et son statut de président des États-Unis.
Fruit d’un débat
Les parlementaires islandais n’ont pas considéré les aléas du nouvel homme de la Maison Blanche, ils ont plutôt débattu au sujet de ce président qui signe des décrets à répétition ayant des conséquences sur l’ordre du monde.
« Je suis préoccupé parce que le président des États-Unis est un fasciste, misogyne et raciste », a affirmé la députée du Parti pirate, Þórhildur Sunna Ævarsdóttir, inquiète que le président Donald Trump institue la torture dans les prisons comme ça a été fait par le passé. « Je pense que c’est important de nommer les choses par leurs noms. La conduite autoritaire dont le président américain a fait preuve par la négation de l’information et des valeurs communes partagées par les Américains, est un comportement fasciste », a poursuivi un autre député Pirate, Ásta Guðrún Helgadóttir.
À cela, le député du Parti de l’indépendance, Óli Björn Kárason a rétorqué en blammant l’administration de l’ex-président américain Barack Obama pour avoir créé la liste des pays à risque en 2015, menant à l’adoption du décret bloquant l’accès aux États-Unis aux citoyens de l’Iran, de la Libye, du Soudan, de la Somalie, de la Syrie et du Yémen pendant 90 jours, signé par le président Donald Trump le 28 janvier.
« Je crois que c’est inapproprié de comparer le président des États-Unis, même s’il nous paraît déplaisant, au fait d’être fasciste. Je pense que ça va trop loin. Nous pouvons être en désaccord avec tout ce qu’il dit et tout ce qu’il fait, mais nous ne pouvons pas appeler le chef d’État de l’Amérique, élu démocratiquement, un fasciste », conclue le député conservateur Óli Björn Kárason. Le dirigeant italien Benito Mussolini a été élu démocratiquement, note le webzine Reykjavik Grapevine le 1er février.
Entre voisins
Lundi, le premier ministre canadien et le président américain vont se rencontrer pour la première fois. À l’affrontement classique entre la gauche, la droite et le centre se substitue une nouvelle opposition, entre les tenants d’un nationalisme économique et identitaire et les défenseurs de la mondialisation économique et culturelle, affirme le doctorant en science politique à l’université de York, Jordy Cummings. M. Trump et M. Trudeau représentent les deux faces d’une même pièce, illustre-t-il.
Malgré leurs différences idéologiques, les deux chefs d’État ont préparé le terrain à l’aide de contradictions dans leur façon de gouverner. D’une part, le président américain a confondu les citoyens des sept pays à risque et ceux de la région de Québec, et d’autre part, le premier ministre canadien s’est ravisé au sujet du décès du dirigeant cubain Fidel Castro, de l’oléoduc Keystone XL et de la réforme électorale.
Les Canadiens n’ont plus qu’à espérer que leur premier ministre a visionné la série The Apprentice en fin de semaine, en pratiquant son grip strength.