Un père et son fils errant dans l’Amérique dévastée par un cataclysme planétaire. Un père et son fils contre les cannibales, les vandales, les bandits. Contre la fin du monde et la mort inéluctable.
On parlait de The Road, film réalisé par John Hillcoat à partir du roman du même nom écrit par Cormac McCarthy, comme d’une oeuvre profondément déprimante. Si cette histoire d’un homme (Viggo Mortensen) et de son enfant (Kodi Smit-McPhee), né dans les jours suivants la catastrophe, et qui, à deux tenteront de traverser une partie des États-Unis pour atteindre l’océan et parvenir à une possible rédemption, est effectivement sombre et poignante, Hillcoat évite heureusement les pièges et les clichés du genre.
Le cinéphile était ainsi en voie de s’attendre à des scènes d’une violence révulsante, ou à de grands moments dramatiques fabriqués de toute pièce pour susciter l’empathie et la tristesse, mais le film est en fait une fresque sur l’effondrement ordinaire de la société. Ainsi, point de mouvement d’hommes et de femmes idéalistes désireux de rebâtir la société. Pas plus qu’il n’y a d’armées de sauvages ayant perdu tout vernis de civilisation par la force des choses. Bien sûr, il y a des ennemis, des gens cruels qui s’adonnent aux pires bassesses, mais on comprend rapidement que ces gestes sont motivés par le besoin de survie, et non pas par un motif ultérieur. Pas de cruauté pour le simple plaisir d’être cruel, bref.
Errant dans un décor perpétuellement gris, où la nature n’en finit plus de mourir, Mortensen et son fils représentent les deux côtés d’une même médaille. Le père, d’abord, devenu machine à tuer par la force des choses. L’enfant, ensuite, étrangement toujours « pur » sur le plan moral, malgré les années passées à se cacher et à constater que la gentillesse n’est hélas plus la bienvenue dans ce monde post-apocalyptique. Scène surréelle que celle où le père répète, avec son fils, la procédure pour se suicider si la situation devient trop dramatique. « Une balle pour toi, une balle pour moi », dit-il en brandissant le revolver dans lequel il n’y a plus que deux cartouches.
Loin d’être une oeuvre cathartique, The Road est en fait un film qui porte à réfléchir sur le sens du monde et sur l’importance que nous accordons aux êtres qui nous sont chers. Si son impact visuel et scénaristique n’est pas aussi direct que quantité d’autres films du genre regorgeant de zombies, de virus vengeurs, de singes intelligents ou encore d’aspirants-facteurs, The Road trouve sa place dans le panthéon des oeuvres post-apocalyptiques de qualité.