Il y a de ces films qui fonctionnent bien dans l’environnement particulier d’un festival de longs-métrages de genre. Et il y a de ces films qui, même projetés dans le cadre de ces festivals, ne font que témoigner du peu d’efforts investis dans leur création. Red Christmas, projeté au festival Fantasia, appartient hélas à la seconde catégorie.
Dans une maison installé dans le Sud rural des États-Unis, une famille passablement éclectique s’apprête à célébrer Noël. Il y a le couple attendant un enfant qui profite de chaque instant pour s’envoyer en l’air, le couple formé d’un prêtre et d’une femme particulièrement coincé, la jeune femme délurée récemment admise dans une école à vocation artistique, le substitut au père de famille qui aime bien fumer des joints, et la mère de famille (Dee Wallace), qui tient tout ce petit monde avec ce qui ressemble parfois à une main de fer.
Bien entendu, un slasher movie n’en serait pas un sans l’obligatoire tueur sanguinaire; celui-ci se matérialise sous la forme de Cletus, une figure mystérieuse au visage et aux mains couvertes de bandelettes. Muni d’une valise et d’une lettre adressée à sa mère, il fera irruption chez notre famille (tout sauf) modèle, et révélera un grand secret: il est le fils « avorté » de Diane, la mère de famille. Vingt ans après la tentative ratée, il revient, désireux d’obtenir l’amour qu’on ne lui a jamais témoigné. Rejeté de nouveau, il décidera de se venger.
Voilà pour la petite histoire. Classique, mais la formule aurait pu fonctionner. Le hic, c’est que Red Christmas ressort la quasi-totalité des clichés associés au genre: des personnages à qui on n’a pas le temps de s’attacher avant qu’ils ne soient tués, ces mêmes personnages qui courent dans tous les sens dans la maison au lieu de se regrouper pour se protéger, un meurtrier étonnamment rapide et agile alors qu’il semblait boiter et se déplacer particulièrement lentement avant d’entrer dans sa rage meurtrière, et surtout un tueur qui semble invincible malgré les coups de couteau et les balles qui l’atteignent. Bref, la totale.
Encore une fois, la formule aurait pu fonctionner. Jason, Michael Myers… les années 1980 sont remplies de tueurs sanguinaires aux pouvoir apparemment surnaturels. Mais il y a cliché et cliché. S’inspirer des grands ne sauvera pas un film au scénario quasi-inexistant. Et puis, le foetus avorté qui a survécu pour venir se venger est probablement l’un des prétextes scénaristiques les plus ridicules qui soient. D’autant plus que non, ces foetus avortés ne sont pas simplement jetés dans un seau en plastique duquel pourra ensuite émerger une petite main sanguinolente. Il ne s’agit peut-être pas d’une charge contre l’avortement – espérons plutôt que le scénariste et réalisateur Craig Anderson vise plutôt la satire, mais l’idée est d’une absurdité sans fond.
Deux (très) brefs moments intéressants permettent néanmoins à Red Christmas de marquer des points: le premier survient lorsque l’on apprend que Cletus avait été avorté parce qu’il souffrait de trisomie, et que l’autre fils trisomique de Diane pense un instant à tuer sa mère pour cette raison. Le deuxième est plutôt ce rapide éclat de rire qu’il est impossible de réprimer lorsque l’on aperçoit enfin le visage de Cletus, et que celui-ci a des allures du masque d’Halloween en liquidation au Dollorama. Rien de mémorable, toutefois.
Red Christmas est un gaspillage du temps des cinéphiles. Sa structure a été copiée mille fois, son scénario est plus mince qu’une feuille de papier, ses personnages disparaissent trop vite pour que les spectateurs s’émeuvent de leur mort, les dialogues sont au ras des pâquerettes… Bref, certainement pas ce que le festival Fantasia pouvait offrir de mieux.