Dans une salle sombre, une cinquantaine de personnes sont rassemblées autour d’un étrange appareil sphérique. Alors que ces individus sont éliminés les uns après les autres, les survivants tentent d’établir les règles imposées par les bourreaux sadiques de Circle.
Réalisé et scénarisé par Aaron Hann et Mario Miscione, Circle, sorti en 2015, pourrait aisément s’appeler Préjugés raciaux et sociaux: le film. Confrontés à un système où les prisonniers peuvent voter pour la prochaine personne qui sera exécutée, il ne faudra pas beaucoup de temps pour que ceux-ci fassent ressortir le pire de l’humanité. D’autant plus que les règles sont relativement strictes, et que toute transgression se traduit habituellement par la mort rapide d’un ou plusieurs sujets.
Ce qui pourrait passer pour une idée lancée au hasard lors d’une soirée un peu arrosée se transpose ici en un huis clos passablement intéressant, d’autant plus que les acteurs sont par définition condamnés à l’immobilisme. Rapidement, donc, les participants à ce jeu macabre tentent d’en comprendre les règles, et vont tour à tour « suicider » ou plus directement éliminer les vieux, les Noirs, les célibataires, les criminels… ou tout simplement tout ceux qui tombent sur les nerfs de la majorité.
Le cinéphile aura droit à tout: de l’agisme, du sexisme, de l’homophobie, des appels à tuer l’immigrant mexicain entré illégalement aux États-Unis et capturé lui aussi par les étranges forces extraterrestres… Des vertes et des pas mûres, mais une réaction (si désagréable soit-elle) qui correspond hélas aux sentiments qui remontent habituellement à la surface dans une situation dangereuse. Après tout, il n’est pas nécessaire de gratter longtemps pour que le vernis de civilisation péniblement et patiemment appliqué au cours des siècles disparaisse en un tournemain et que les pires clichés du comportement humain resurgissent.
Il est également intéressant de suivre l’évolution de la pensée des prisonniers, alors que leur nombre diminue constamment, et que des alliances se font et se défont au fil des votes. Gare toutefois à ne pas perdre de vue les méandres de l’intrigue lorsqu’il sera question de tuer une femme enceinte et une jeune fille pour que les « adultes » puissent ensuite « avoir les pensées claires » lorsque viendra le temps de faire des choix déchirants.
Au final, l’hommerie aura le dessus sur tout le reste: pas même la vie d’un enfant n’aura d’impact sur cette volonté féroce de survivre, y compris lorsque le film passera un message tout sauf subtil contre l’avortement.
Circle est un exercice intéressant, mais son scénario, bien mince au final, ne lui permettra pas de s’établir comme référence du septième art. Ce n’est pas pour rien, sans doute, que l’oeuvre se retrouve dans les tréfonds des suggestions Netflix.