Arrivé en sauveur, il n’aura en fait été qu’un messie temporaire. L’homme d’affaires Pierre Karl Péladeau a annoncé lundi qu’il quittait définitivement son poste de chef du Parti québécois, pratiquement deux ans jour pour jour après sa première élection comme député de Saint-Jérôme.
Du poing levé à la mine basse, il n’aura fallu qu’un peu de temps, un présumé conflit d’intérêts en lien avec sa position d’actionnaire de contrôle de Québecor, un mariage (puis un divorce), et une certaine maladresse. Pierre Karl Péladeau n’aura finalement jamais été en mesure de véritablement s’installer comme politicien solide.
Lundi après-midi, à la suite des rumeurs les plus folles ayant circulé sur Twitter avant l’annonce faite à 14h, M. Péladeau avait les larmes aux yeux, et a eu de la difficulté à ravaler ses sanglots pendant sa courte allocution.
« Je suis devant une absence d’alternative qui me force à faire un choix déchirant entre ma famille et notre projet politique qui est partagé par tant de citoyens », a-t-il déclaré en parlant de l’indépendance du Québec.
« J’ai choisi ma famille », a-t-il ajouté.
M. Péladeau quitte donc « immédiatement » son poste de chef du Parti québécois (et de l’opposition officielle, incidemment), mais aussi son poste de député de la circonscription de Saint-Jérôme, en banlieue nord de Montréal. « Je prends cette décision pour le bien de mes enfants. Je dois, pour eux, demeurer un exemple. »
M. Péladeau, déjà une personnalité particulièrement médiatisée alors qu’il dirigeait Québecor, s’est retrouvé dans la tourmente lorsqu’il est devenu chef du PQ, certains l’accusant de « people-iser » la fonction politique. D’autant plus que son ex-épouse, Julie Snyder, s’est fait connaître comme animatrice de télévision, puis comme productrice. Le couple Péladeau-Snyder a ainsi d’abord annoncé leur séparation, puis leur retour ensemble, avant de se marier lors d’une cérémonie publique, avant de faire part de leur divorce un peu plus tôt cette année.
« J’ai travaillé sans relâche pour défendre les intérêts de la population; nous avons réussi des avancées importantes, et nous avons fait reculer le gouvernement », a encore déclaré M. Péladeau lors de son point de presse, avant de rappeler que son parti avait « jeté les bases de la conversation des forces souverainistes et nationalistes », une démarche qui « doit continuer ».
Le caucus du PQ se réunira cette semaine pour déterminer les modalités de l’identification d’un chef intérimaire. Aucun détail n’a encore été fourni à propos d’une éventuelle course à la direction.
« Je suis convaincu que l’avenir du Québec passe par l’indépendance de notre nation », a conclu M. Péladeau. Au final, son poing levé, qui a possiblement coûté la victoire au parti alors dirigé par Pauline Marois en 2014, aura été à l’image de sa courte carrière en politique: impulsif, sans doute sincère, mais certainement maladroit.
Un commentaire
Je ne suis pas vraiment surpris de son départ. Je le savais ambitieux et probablement inconfortable avec son rôle comme député d’opposition. C’est le genre d’homme qui voulait être premier ministre et rien d’autre. Le gouvernement Couillard reste populaire, malgré les mesures d’austérité, et la prochaine élection semble assez loin pour quelqu’un qui serait impatient. Ses problèmes familiaux ont probablement été la goutte qui a fait déborder le vase. Cette nouvelle m’a semblé hypermédiatisée cependant, mais je dois admettre que la réaction émotive de Julie Snyder à TLMEP, et la démission de PKP quelques heures plus tard, auront donné de la matière aux journalistes.