Coup dur pour les cinéphiles montréalais, alors que l’Excentris, l’un des seuls complexes diffusant du cinéma d’auteur dans la région métropolitaine, a annoncé mardi qu’il devait immédiatement « suspendre provisoirement » ses activités.
Alors que l’information avait déjà commencé à filtrer dans les médias et sur les réseaux sociaux, l’Excentris a fait parvenir un courriel offrant certaines précisions. Soutenant que le complexe cinématographique « autofinance ses opérations de 80 à 90 pour cent », l’organisation de l’Excentris rappelle qu’environ 150 titres sont diffusés annuellement.
« La loi de Pareto devrait normalement s’appliquer comme ce fut le cas les années précédentes: 80 pour cent de notre programmation devrait être composée de titres de niche, lesquels rapportent 20 pour cent du box-office, et 20 pour cent de notre programmation devrait être composée de titres indépendants à plus large portée auprès du public avec 80 pour cent des revenus de billetterie à la clé », plaide-t-on, avant d’ajouter que « la santé financière d’Excentris est donc directement proportionnelle à sa capacité à s’approvisionner auprès des distributeurs en films d’auteur à plus large portée. Et c’est là que le bât blesse. Malgré ses efforts, c’est à armes inégales qu’Excentris a dû faire face à la forte concentration de la distribution et de la diffusion de films au pays. Les difficultés pour obtenir ces titres se sont manifestées dès la réouverture en 2011 et se sont amplifiées depuis cet été, avec des modifications rapides des stratégies commerciales de mise en marché des films. »
Toujours dans le courriel, on mentionne que seulement « quatre films porteurs supplémentaires » auraient été nécessaires cette année pour que l’institution fasse ses frais, mais que plusieurs de ces titres avaient été soit refusés, soit proposés plusieurs semaines après leur parution sur des écrans de cinéma.
Excentris fermera donc ses portes pour la deuxième fois, après avoir eu besoin d’un premier sauvetage financier ayant mené à son rachat et à sa réouverture, il y a quatre ans. Les activités en salle sont interrompues, certes, mais l’organisation précise que la collaboration avec l’Office national du film pour la diffusion de longs-métrages en ligne est maintenue, et les événements corporatifs prévus à l’agenda pour novembre et décembre auront également lieu.
« Il aurait été déraisonnable et inconséquent de demander aux pouvoirs publics de palier entièrement aux effets pervers des stratégies commerciales dictées par les grands joueurs de l’industrie », écrit-on dans le courriel adressé aux médias, martelant ainsi que « la diversité cinématographique a été mise en échec ».