Près de 30 ans après la présentation de la pièce Vinci, l’oeuvre de Robert Lepage a retrouvé vie sur les planches, alors que le Théâtre Périscope, à Québec, vient tout juste de conclure une série de représentations données le mois dernier. Olivier Normand, l’un des deux acteurs de ce monologue transformé en dialogue, s’entretient avec Pieuvre.ca au moment même où la pièce entame une tournée de la région de Montréal.
« Le Périscope fêtait ses 30 ans cette année, et cherchait un projet pour souligner l’occasion; en fouillant dans les archives, ils ont mis au jour au spectacle qui s’appelait Vinci, qui était le premier « solo » de Robert Lepage, et qui avait été programmé durant la première saison. À partir de là, ils ont eu l’idée de remonter ce spectacle; c’est aussi la première fois où un spectacle de Robert Lepage n’est pas monté par lui », mentionne M. Normand au bout du fil.
« Moi, je n’ai pas vu la pièce originale: il existe une captation vidéo de qualité assez moyenne, et un texte qui ne correspondait pas vraiment à nos besoins. On s’est demandé ce qu’on pouvait faire avec ça. L’idée, en fait, était de voir comment Robert avait présenté le tout il y a 30 ans, de quoi cela parlait, et aujourd’hui, avec nos générations d’artistes, qu’est-ce qu’on fait avec ce matériau. On a trouvé le texte, mais c’était un verbatim effectué par des étudiants de Concordia, et le tout était incomplet. »
Comme le mentionne l’acteur, il se dégage certaines tendances intéressantes de Vinci, surtout en ce qui concerne la carrière même du créateur de l’oeuvre. « On sent déjà les influences de tout ce que Robert va faire par la suite. Et les gens du Périscope avaient le goût de marquer le 30e anniversaire avec un grand coup. C’est aussi la première fois où le Périscope produit une pièce, plutôt que d’agir seulement comme diffuseur. »
M. Normand souligne d’ailleurs que l’oeuvre de Robert Lepage a été marquante au Québec, et plus précisément dans la capitale elle-même: « Il a décidé de rester à Québec, de s’établir dans la ville. Ça, ça incité beaucoup de gens à l’imiter et à aller vivre à Québec, ce qui a contribué à rendre vivant le travail théâtral dans la vie, et nous sommes des artistes qui avons un peu hérité de cela, et nous voulions entre autres témoigner de cette passation-là. »
Le public a été au rendez-vous, mentionne M. Normand, puisque, selon lui, les thèmes du spectacle demeurent tout à fait contemporains. La pièce raconte l’histoire de Philippe, un photographe dont la carrière et la vie personnelle traversent une période de troubles importants. Sa route finira par croiser celle de Léonard de Vinci, dont la ville natale pourrait bien receler les réponses dont Philippe a besoin.
Autre aspect intéressant, la majorité des échanges et des didascalies – les indications scéniques – ont été improvisées. Un peu comme dans le spectacle Coeur, lui aussi créé par Robert Lepage, et auquel Olivier Normand a collaboré il y a quelques années. « À partir du moment où se dit que c’est une impro, on ne peut pas travailler le texte comme dans une pièce conventionnelle. J’ai l’impression que ça a rendu la pièce plus vivante. »
Suite au succès rencontré à Québec, Vinci visitera divers théâtres de la région métropolitaine, sans toutefois s’arrêter à Montréal même. Le spectacle s’arrête à Longueuil jusqu’à vendredi soir, puis passera à Laval, L’Assomption, Sainte-Geneviève, Saint-Jean-sur-Richelieu, et enfin Salaberry-de-Valleyfield.