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Les relationnistes ont jadis été au coeur des stratégies des cigarettiers qui voulaient faire croire à l’absence d’un lien entre tabac et cancer. Ils ont ensuite été au coeur des stratégies des compagnies pétrolières visant à nier le réchauffement climatique. Voilà qu’on retrouve des firmes fières de se spécialiser… dans la production et la diffusion de fausses nouvelles.

L’épidémie de rougeole qui sévit sur l’archipel des Samoa, dans le Pacifique, et qui a tué jusqu’ici 70 personnes, n’est pas venue seule: elle a été précédée d’une offensive de désinformation menée depuis des années sur les médias sociaux par des mouvements financés dans les pays riches, en particulier aux États-Unis. 

En plus des médias partisans et des blogues à saveur politique, il existe une autre source surprenante de désinformation à propos de sujets controversés: vous-même. Une nouvelle étude a ainsi révélé que les gens recevant des statistiques exactes sur des questions controversées avaient tendance à les modifier pour qu’elles correspondent à leurs croyances et partis pris.

Une nouvelle recherche confirme — encore — que les adolescents sont très mal préparés à juger de la crédibilité d’une information en ligne. Selon les chercheurs de l’Université Stanford, qui ont soumis une série de six exercices à un peu plus de 3400 étudiants américains du secondaire (high school), c’est toutefois le système d’éducation, et non les étudiants, qui est à blâmer.

Les mouvements antivaccins rassemblent un nombre inquiétant de croyants sur les médias sociaux. Mais les plus actifs sont une minorité. Au point où 75% des publicités anti-vaccins sur Facebook, au début de 2019, n’avaient été achetées que par cinq organisations. 

Les amateurs de « faits alternatifs » et de « post-vérité » seront déçus: il semblerait que le travail des vérificateurs de faits ait bel et bien un impact, non pas pour changer radicalement l’opinion d’une personne mais pour l’amener à ajuster ses croyances afin qu’elles deviennent un peu plus « factuellement cohérentes ».

En juin 2014, l’homme d’affaires américain Robert Murray menaçait de poursuivre le gouvernement Obama pour ses futurs règlements sur la qualité de l’air, alléguant que le président mentait sur les changements climatiques. « La Terre s’est en réalité refroidie depuis 17 ans », disait-il.

Passionné des missions Apollo, il a lancé une campagne de sociofinancement pour compléter son projet de plusieurs années: photographier tous les artefacts de l’exploration lunaire. Les partisans de la Terre plate ont presque fait dérailler sa campagne, avec l’aide de Facebook.

Sur les réseaux sociaux et tout autour de nous, science et pseudoscience se côtoient. « Quand je lis des choses comme l’eau miraculeuse des sportifs, cela ne me donne pas toujours envie de sauter dans l’arène, même si cela reste nécessaire de le faire », résume la professeure au département des sciences biologiques de l’Université Bishop’s et co-organisatrice du colloque de l’Acfas sur la communication de la recherche, Estelle Chamoux.

Pour la minorité de journalistes qui sont impliqués à temps plein dans la lutte aux fausses nouvelles — comme la rubrique du Détecteur de rumeurs — il y en a une majorité pour qui cet univers reste obscur: seulement 15% estiment être adéquatement préparés à en parler, et plus de la moitié considère même que la façon de couvrir la désinformation pourrait être « nuisible » — du moins, la façon dont elle est couverte dans leur média.