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Les mouvements antivaccins rassemblent un nombre inquiétant de croyants sur les médias sociaux. Mais les plus actifs sont une minorité. Au point où 75% des publicités anti-vaccins sur Facebook, au début de 2019, n’avaient été achetées que par cinq organisations. 

Les amateurs de « faits alternatifs » et de « post-vérité » seront déçus: il semblerait que le travail des vérificateurs de faits ait bel et bien un impact, non pas pour changer radicalement l’opinion d’une personne mais pour l’amener à ajuster ses croyances afin qu’elles deviennent un peu plus « factuellement cohérentes ».

En juin 2014, l’homme d’affaires américain Robert Murray menaçait de poursuivre le gouvernement Obama pour ses futurs règlements sur la qualité de l’air, alléguant que le président mentait sur les changements climatiques. « La Terre s’est en réalité refroidie depuis 17 ans », disait-il.

Passionné des missions Apollo, il a lancé une campagne de sociofinancement pour compléter son projet de plusieurs années: photographier tous les artefacts de l’exploration lunaire. Les partisans de la Terre plate ont presque fait dérailler sa campagne, avec l’aide de Facebook.

Sur les réseaux sociaux et tout autour de nous, science et pseudoscience se côtoient. « Quand je lis des choses comme l’eau miraculeuse des sportifs, cela ne me donne pas toujours envie de sauter dans l’arène, même si cela reste nécessaire de le faire », résume la professeure au département des sciences biologiques de l’Université Bishop’s et co-organisatrice du colloque de l’Acfas sur la communication de la recherche, Estelle Chamoux.

Pour la minorité de journalistes qui sont impliqués à temps plein dans la lutte aux fausses nouvelles — comme la rubrique du Détecteur de rumeurs — il y en a une majorité pour qui cet univers reste obscur: seulement 15% estiment être adéquatement préparés à en parler, et plus de la moitié considère même que la façon de couvrir la désinformation pourrait être « nuisible » — du moins, la façon dont elle est couverte dans leur média.

Le harcèlement, les menaces et l’intimidation dont a été victime le Pharmachien ont créé de l’émoi chez les vulgarisateurs francophones. Mais ce n’était qu’une question de temps avant qu’un cas de ce genre ne surgisse: parce que les vulgarisateurs anglophones, eux, vivent depuis des années déjà avec de telles épées de Damoclès au-dessus de leurs têtes.

Les gouvernements parlent beaucoup de désinformation en politique, depuis deux ans. Mais ils sous-estiment peut-être la désinformation en santé. Au Québec, l’intimidation et les menaces dont a été victime le Pharmachien viennent de le rappeler. Mais aux quatre coins du monde, un tour d’horizon rappelle constamment que, sur Facebook, la désinformation nage comme un poisson dans l’eau.

En 2019, le « fact-checking », jadis réservé à une poignée de journalistes passionnés, va continuer de gagner de l’importance dans l’espace public, alors que de nombreux gouvernements parlent de réglementer la désinformation, et que les Facebook et Twitter de ce monde craignent comme la peste d’être réglementés.

La désinformation en science ne vient pas seulement d’actrices, de gourous ou d’hurluberlus. Des universités respectées publient parfois des communiqués de presse à l’intérieur desquels se glissent des affirmations douteuses ou des conclusions exagérées. Que devrait faire Eurekalert, la plateforme par excellence des communiqués de presse en science?