Film poursuivi par plusieurs rumeurs défavorables pour des raisons majoritairement assez absurdes, on ne peut tout de même cacher l’opportuniste habituel de l’empire Disney qui auréole cette reprise en prises de vue réelles inutile, mais à ses heures satisfaisante du grand classique d’animation The Little Mermaid.
On connaît bien la légende de ces sirènes qui, de leur chant magique, enchantaient les marins.
Cette fois, outre Ariel, presque tout le monde a le droit à son tour de chant dans cette version survitaminée de la création originale, qui a droit à presque une heure de plus, mais où on a fait quelques changements et coupures majeures, incluant la chanson des filles du roi Triton.
Même le roi en question n’a pas droit de pousser la note, alors que son interprète, Javier Bardem, a quand même réitéré son désir évident de s’amuser dans le récent et amusant Lyle, Lyle, Crocodile.
On peut, toutefois, possiblement comprendre la décision du fait que les effets spéciaux sont régulièrement terrifiants et, qu’ironiquement, la représentation des sirènes est l’un des échecs flagrants du film. Certes on apprécie le mouvement des cheveux « dans l’eau », mais tout le reste fait fortement froncer les sourcils et le moins on les voit, le mieux c’est.

Pourtant, Rob Marshall n’était pas sans expérience précédente, alors qu’il s’était commis au décevant Pirates of the Caribbean : On Stranger Tides. Sauf que son approche aux sirènes et aux scènes d’action peine encore à convaincre. Son parcours depuis enfile les projets plus ou moins concluants pour Disney et reprends des collaborations capables du pire comme du meilleur. Comme toujours, on ne peut toutefois lui reprocher son expertise remarquable pour les numéros musicaux sans atteindre ce qu’il avait réussi avec le mésestimé Into the Woods qui avait l’avantage de n’avoir qu’un précédent scénique et non cinématographique.
Si ça ne changera pas grand-chose qu’ils se soient inspirés de chorégraphies de la troupe réputée Alvin Ailey pour Under The Sea, une reprise plutôt ratée comme l’était Be Our Guest dans l’infâme remake de Beauty and the Beast, aussi parce qu’on ne comprend pas pourquoi Ariel s’invite dans les refrains, on appréciera néanmoins la relecture de Kiss the Girl.
Tout comme l’excellent rap et vers d’oreille The Scuttlebutt proposé à Awkwafina et Daveed Diggs, tous deux excellant dans les rôles vocaux de Sebastian et Scuttle, s’avère un des meilleurs ajouts à la proposition et une tentative beaucoup plus concluante que lorsque Lin-Manuel Miranda l’avait essayé dans Mary Poppins Returns.
Si l’on a essayé de creuser plusieurs psychologies de personnages, incluant le prince qu’on a ramené plus près en âge de la protagoniste, via les traits du charmant Jonah Hauer-King, sorte de jeune Ryan Gosling britannique, on s’explique mal sa chanson qui allonge inutilement un long-métrage déjà trop long, surtout si c’est pour le faire déambuler et s’époumoner sans queue ni tête comme dans un High School Musical.
C’est toutefois bien pensé de l’affubler d’une grande curiosité à l’instar de la protagoniste et de mieux développer l’attraction naturelle qui opère entre les deux.
On doit sûrement plusieurs des décisions plus discutables au scénario de David Magee, qui semble avoir beaucoup de misère à adapter des récits, mais aussi à emboîter logiquement les événements, alors que beaucoup d’omissions ici ont moins de sens que dans la version originale.
Du côté du montage, on trouve Wyatt Smith qui montre encore des difficultés sérieuses à ne pas savoir améliorer le rythme et le rendre plus fluide. Dans cette perspective, on se désole que Marshall n’a jamais refait équipe avec le monteur Oscarisé Martin Walsh, collaboration qui avait donné l’infaillible Chicago.

Au moins, la distribution est fort agréable et le charme de Halle Bailey est irrésistible, sauf que c’est Melissa McCarthy, délirante en Ursula, qui vole continuellement la vedette au point où l’on aurait amé la voir d’avantage, surtout dans un film aussi étiré.
On a également la confirmation que les chansons et mélodies d’origine étaient dans une classe à part. Les frissons sont instantanés lorsque la nostalgie l’emporte, ou lorsque l’on entend Alan Menken revisiter son propre travail avec un bonheur certain.
Au reste, ce The Little Mermaid est relativement dans la même veine que les autres relectures en prises de vue réelles, mais du côté des titres plus réussis, parce qu’on s’y plaît à plus d’un moment, majoritairement en raison de l’enthousiasme généré par l’ensemble. On se dira que c’est au moins cela, et que les enfants y prendront plaisir, même si l’on espérera qu’ils voudront bien replonger dans le film d’origine.
6/10
The Little Mermaid prend l’affiche ce vendredi 26 mai.