Voilà un certain temps que des chercheurs mettent en garde contre les effets à long terme de la COVID-19 sur la main-d’oeuvre britannique. Une nouvelle étude réalisée par des spécialistes des universités de Southampton et de Portsmouth, publiée dans Applied Economics Letters, estime ainsi qu’au début du mois de mars de cette année, 80 000 personnes avaient quitté le marché de l’emploi du pays en raison de la COVID longue.
Sur l’ensemble des personnes infectées par le virus, environ 5,5 % développeront des maladies chroniques qui changeront leur vie, particulièrement des maladies cardiaques et pulmonaires. D’autres personnes ont également vécu des symptômes à long terme, comme le manque de souffle, de la fatigue, de la fièvre, des maux de tête, de la confusion et d’autres problèmes neurologiques.
Selon Donald H0uston, professeur de géographie économique à Portsmouth et coauteur de l’étude, « les vagues continues d’infection à la COVID, qui pourraient durer plusieurs années, continueront d’empêcher des gens de retourner travailler alors qu’ils souffrent de la COVID longue. Plusieurs d’entre eux perdront leur emploi et demeureront hors du marché de l’emploi pendant longtemps, voire même de façon permanente ».
Au pic de la vague Omicron au Royaume-Uni, en février dernier, 2,9 millions de personnes en âge de travailler (7 % du total) souffraient de symptômes persistants de la COVID-19 depuis plus de 12 semaines. Cette proportion devrait augmenter à la suite de l’actuelle vague d’infections, puisque la vaccination protège peu contre la COVID longue.
« Nous pouvons présentement en ressentir les effets dans l’économie », affirme la Dre Darja Reuschke, coautrice de l’étude.
« Les travailleurs sont particulièrement nombreux à être absents dans les emplois les moins bien payés, et ce sont d’ailleurs ces mêmes emplois qui font en sorte que les gens sont les plus à risque d’attraper la COVID-19. »
« On nous a dit que les hospitalisations imputables à la COVID-19 continuaient de baisser, et qu’il ne fallait pas vraiment s’en faire avec les infections si vous n’avez pas d’autres problèmes de santé graves. Au même moment, tout le monde constate que certains secteurs de l’économie, comme les services de santé, les aéroports et les postes d’accueil et de service dans les restaurants, par exemple, sont en pénurie de personnel. Il est important de relier les enjeux en matière de santé et d’économie », a poursuivi la Dre Reuschke.
Pour la première fois depuis le début de la prise des données à ce sujet, il existe plus de postes vacants, au Royaume-Uni, que de gens au chômage, selon les plus récentes données mensuelles à propos du marché du travail. Ce phénomène est principalement alimenté par une multiplication par près de 400 % du nombre d’emplois à pourvoir, pour atteindre environ 1,3 million, depuis l’été 2020, lorsque l’activité économique a commencé à reprendre, à la fin du premier confinement.
Le professeur Houston et la Dre Reuschke affirment que les gouvernements doivent s’attaquer au double défi des problèmes en santé publique et du côté de l’emploi, et offrir des protections et de l’aide financière pour les individus et les entreprises affectées par la COVID longue.
Au Royaume-Uni, la paie obligatoire pour maladie est d’environ 200 $ CAN par semaine, pour une période allant jusqu’à 28 semaines, le tout payé par l’employeur, en comparaison des systèmes s’appuyant sur des assurances qui sont en vigueur ailleurs en Europe, où il est possible de recevoir jusqu’à 70 % de son salaire, pendant une période pouvant aller jusqu’à trois ans.
Toujours selon le professeur Houston : « Parmi les solutions possibles, on trouve des accords de travail flexibles pour accommoder les personnes à la santé défaillante, ainsi que des prolongations à la paie obligatoire pour maladie, afin de maintenir le lien d’emploi jusqu’à ce que les gens soient guéris de la COVID longue. »