Jusqu’au 3 avril, le Centre d’art Diane-Dufresne de Repentigny présente l’exposition Aynalem – L’oeil du monde, une façon de mettre de l’avant les créations d’artistes noirs, et plus précisément d’artistes noires – des femmes, donc. Rencontre avec Dorothy Mombrun, l’une des commissaires de cet événement.
« On m’a indiqué, de façon assez explicite, que l’on voulait composer une exposition avec des femmes noires afrodescendantes. C’est aussi un projet que j’avais en tête depuis assez longtemps; c’est bien tombé, en fait », mentionne Mme Mombrun au bout du fil.
« Moi et Hilary (Etomo Mba, une autre commissaire, NDLR), une personne avec qui je collabore énormément sur le plan créatif, et avec qui j’ai pu débattre de questions artistiques, nous voulions faire cette expo depuis longtemps. Ce serait l’occasion de faire découvrir de jeunes artistes à la population de Repentigny. Nous avons été chanceuses, le Centre Diane-Dufresne nous a contactées pour nous demander si nous voulions faire cette expo-là. »
Mmes Mombrun et Mba sont d’ailleurs toutes deux installées à Repentigny depuis plusieurs années, voire y ont carrément grandi. « C’est l’espace qui nous a vu grandir en tant qu’individus, mais aussi en tant qu’artistes. Nous avions déjà vu des choses comme celle-ci prendre place à Montréal, et nous voulions amener ça à Repentigny », mentionne encore Mme Mombrun.
Lorsqu’est venu le temps de choisir les artistes qui seraient représentées lors de l’exposition, les commissaires se sont retrouvées confrontées à ce qui pourrait être décrit comme un « beau problème ». « Nous avions beaucoup de noms en tête, des artistes qu’Hilary et moi connaissions, et que nous admirions beaucoup. Mais il fallait faire un choix, et nous y sommes allées avec notre instinct, avec celles qui, selon nous, représentaient le plus le message de notre expo, soit le fait de représenter la femme noire de manière diverse, abondante, colorée et visionnaire », indique Mme Mombrun.
Parmi les artistes choisis, on compte Bliss Mutanda, un artiste non-binaire « avec qui nous avions déjà travaillé, mais dont nous admirions déjà aussi les oeuvres depuis très longtemps, avec qui nous avons eu de belles connexions, et nous voulions mettre son travail de l’avant ».
Esther Calixte-Béa sera aussi du lot, elle qui milite depuis un certain temps à propos de la pilosité corporelle. « J’ai pu voir son travail un peu partout; je la suivais sur les réseaux sociaux, Hilary également, et nous nous étions dit que nous la voulions certainement. C’était une façon de lui dire merci pour sa contribution à la culture montréalaise et québécoise », poursuit Mme Mombrun.
Selon cette dernière, il est par ailleurs bien intéressant que l’exposition se poursuive au-delà du mois de février, qui est officiellement le Mois de l’histoire des Noirs. « Nous autres, on existe à l’année! », lance-t-elle.
« Il faut justement sortir de cela, et d’être seulement célébrés durant le Mois de l’histoire des Noirs. C’est une bonne chose, mais ce n’est pas assez. Je trouve personnellement, pour avoir été dans le milieu artistique depuis environ cinq ans, que la représentation de l’art, des artistes, des acteurs, créatifs et chanteurs noirs, au Québec, n’est pas assez grande. Oui, quand je suis dans mon cercle, avec mon monde, j’ai l’impression qu’on est une multitude, mais j’en vois très peu qui sont dans la culture populaire. »
Aynalem, jusqu’au 3 avril au Centre d’art Diane-Dufresne à Repentigny.