Aux États-Unis (et ailleurs), le secteur des transports est le plus grand contributeur aux émissions de gaz à effet de serre, et si beaucoup d’attention et d’énergie ont été consacrées aux véhicules de passagers et à leur potentiel de « verdissement », la croissance du commerce en ligne et de la livraison à heure précise a favorisé le développement de flottes de livraison électriques. Ceux-ci posent cependant un autre problème environnemental: celui de la recharge énergétique.
Sur le territoire américain, cette flotte est encore de petite taille, mais est appelée à croître rapidement. En 2019, Amazon annonçait son intention d’acquérir 100 000 camions électriques, contre 10 000 chez UPS. FedEx, de son côté, prévoit que tous ses véhicules seront électriques d’ici 2040.
Une nouvelle étude de l’Université du Michigan révèle par ailleurs que le moment, l’endroit et la méthode choisis pour recharger tous ces véhicules électriques peuvent avoir un impact très important sur la capacité de réduction des émissions de GES.
L’un des principaux aspects des travaux est que les émissions directement liées à la recharge des véhicules et à la fabrication des piles doivent être prises en compte. Les méthodes de recharge qui réduisent la durée de vie de la pile contribueront au remplacement plus rapide de cette dernière, ce qui ajoute au bilan des émissions de GES associées à ce véhicule.
Les chercheurs universitaires ont constaté que 50 à 80% de toutes les émissions polluantes associées à un véhicule de livraison électrique surviennent durant la recharge. Et donc, recharger la pile à partir d’une source « verte », par exemple un réseau électrique alimenté par une forte proportion de sources renouvelables, est l’une des méthodes les plus efficaces pour réduire les émissions polluantes.
Diminution importante
En tenant compte des émissions liées à la recharge et à la dégradation de la pile, les scientifiques ont découvert que les émissions pouvaient être réduites d’une proportion atteignant 37% en optimisant les stratégies de recharge.
De façon surprenante, les chercheurs ont aussi constaté que même dans les régions les plus consommatrices de combustibles fossiles et autres produits émettant des GES, les véhicules de livraison électriques émettaient moins de pollution que leurs équivalents à essence ou au diesel.
Selon Maxwell Woody, principal auteur de ces travaux publiés dans Environmental Science & Technology, deux recommandations ont été présentées aux compagnies de livraison qui envisagent la filière électrique pour leurs véhicules. « La première consiste à tenir compte de la dégradation de la pile lorsque vient le temps de déterminer le moment pour recharger, et dans quelle proportion recharger. Certaines stratégies permettent de prolonger la durée de vie de la pile, et cela réduira les émissions de GES, tout en protégeant l’investissement de la compagnie. »
La deuxième recommandation consiste à garder l’oeil ouvert concernant la source d’énergie qui permet de recharger un véhicule. Utiliser l’énergie solaire ou éolienne, comparativement à des sources énergétiques basées sur le charbon ou le gaz naturel, aura des impacts environnementaux très différents.
« Les entreprises devraient prioriser l’électrification dans les régions qui offrent les plus importantes réductions des émissions carbone », soutient M. Woody.
Et plutôt que de constamment s’assurer que la pile des véhicules soit chargée à 100%, les scientifiques proposent de maintenir un niveau de charge uniquement suffisant pour les déplacements d’une journée, ce qui permettrait d’atteindre une durée de vie de la pile qui serait près du double de ce qui est normalement possible. Avec réduction d’émissions polluantes à la clé.