En quatre ans, l’équipe de Dry Cactus a eu l’occasion de développer un deuxième titre dans la série Poly Bridge. Pendant le même laps de temps, les ingénieurs, travailleurs de la construction et autres employés du mégaprojet du nouveau pont Champlain ont finalement complété leur labeur. Coïncidence? Probablement.
Il y a fort à parier, cependant, que la construction du nouvel ouvrage entre Montréal et la Rive-Sud se serait déroulée bien plus rapidement si les démarches étaient aussi rapides que dans Poly Bridge 2, ce « simulateur » de construction de pont récemment lancé sur macOS et Windows. Les ingénieurs en herbe auraient sans doute même eu le temps de bâtir (ou creuser) le fameux troisième lien entre Québec et Lévis. Cependant, si l’on se fie aux techniques enseignées dans le sympathique jeu virant parfois à l’arcade pure et simple, tous ces ouvrages se seraient effondrés au premier coup de vent. L’explication est simple: si Poly Bridge 2 vise effectivement à inculquer quelques notions de dynamique des forces et de génie civil lorsque l’on tente d’accomplir les diverses missions, l’ouvrage que devra franchir le ou les véhicules choisis peut autant tenir de la perfection réaliste que de la rampe d’accès pour des acrobaties aériennes.
Du moment que le véhicule visé se rend jusqu’au drapeau de fin, en fait, et l’on peut passer au niveau supérieur. À l’instar de son prédécesseur, Poly Bridge 2 tente donc de marier l’amusement, en encourageant carrément les joueurs à créer des structures loufoques, à l’éducation (ou à la réflexion), en introduisant entre autres de plus en plus de pièces et d’options pour donner naissance à des ponts et autres constructions complexes.
Toutefois, il y a complexité et complexité. Si le jeu est certainement ambitieux, il peut aussi être franchement obscur, voire abscons. Un tutoriel sur l’utilisation des pistons, par exemple, pour créer des ponts à fonctionnement hydraulique qui permet de laisser passer un navire, ne montre que l’endroit où il faut installer la nouvelle pièce, et dans quel sens elle doit s’activer. Pas de précisions sur les forces à l’oeuvre, pas d’indication sur la façon d’installer de futures pièces similaires pour s’assurer que notre propre pont fonctionne… il y a bien un indicateur de charge, dans le sens où les pièces du pont prendront une couleur de plus en plus rougeâtre, voire bourgogne, à mesure où lesdites pièces seront soumises à forte pression. Et si l’on dépasse la résistance maximale, crac! Le véhicule tombe dans l’eau et la mission doit être reprise.
Cependant, Poly Bridge 2 semble maladroitement tenter de marier deux genres qui réussissent plus ou moins bien à cohabiter. On observera effectivement une dissonance entre le côté enfantin, bédé-esque des visuels, par exemple, et la complexité apparente de certains modèles de réalisme. Y existe-t-il vraiment une niche pour les jeux de construction de ponts? Une recherche rapide porte à croire que tous les titres du genre se veulent tout aussi facilement accessibles que Poly Bridge 1 et 2, en plus d’être sur plateforme mobile. Et qui dit plateforme mobile dit fort probablement monétisation…
Quoi qu’il en soit, Poly Bridge 2 demeure bien intéressant, et même bien distrayant à certains moments, surtout lorsque le joueur est en mesure de lâcher un peu son fou et d’accomplir la mission souhaitée, tout en évitant de reconstruire, pour la énième fois, le même pont complexe et banal.
Vendu pour une vingtaine de dollars sur Steam, le jeu saura divertir. Sans que les irritants disparaissent, cependant.
Poly Bridge 2
Développeur et éditeur: Dry Cactus
Plateformes: MacOS, Windows (Steam et Epic Games, testé sur Steam)
Jeu disponible en français (interface)
SVGA #02: Phantasmagoria and all the cringe-inducing FMV era