C’est en plein milieu de la tournée des Productions Jean-Bernard Hébert, que nous avons assisté à la représentation de Douze hommes en colère, le 16 octobre, à l’Espace le vrai monde du Collège Ahuntsic. La pièce de Reginald Rose, traduite et mise en scène par Alain Zouvi, a très bien vieilli. Écrite au milieu des années 1950, elle traite d’une multitude d’enjeux sociaux tels que l’homophobie, l’âgisme, les inégalités sociales, la peur, la colère ou encore l’ignorance.
S’il est besoin de rappeler le contexte, disons qu’il est question de la délibération d’un jury qui doit juger un jeune homme de 16 ans, accusé d’avoir tué son père. Il s’agit bien sûr d’un huis clos, avec un décor crédible et très efficace. La musique tient un rôle mineur et c’est tant mieux, car la sonorisation laisse à désirer.
Chacun des jurés a sa propre expérience, sa colère rentrée, ses doutes, ses préjugés, son histoire. D’entrée de jeu, onze des jurés sur douze sont convaincus de la culpabilité de l’accusé et semblent prêts à l’envoyer sur la chaise électrique. Mais voilà, comme on le sait, il faut en arriver à un verdict unanime pour clore les débats. À partir de là, chacun personnage aura ses moments sous les feux des projecteurs. Chacun partagera ses convictions et ses doutes, son entêtement ou son ouverture.
La construction de la pièce permet à chaque comédien de faire étalage de son talent. Oui, certains personnages peuvent sembler caricaturaux au début, mais rien n’est laissé au hasard et chaque personnalité tient la route. Certaines finissent par montrer de signes de vulnérabilité, comme le personnage interprété par Hugo Giroux, alors que d’autres s’affirmeront peu à peu ou même de manière spectaculaire comme le juré #2, Olivier Berthiaume.
La pièce dure environ deux heures, sans aucune longueur. C’est un feu roulant d’attaques, de ripostes, d’implorations. Si la violence et souvent présente, l’humour est aussi là, disséminé de façon subtile et efficace au sein de ce drame poignant.
Si chaque comédien rempli bien son rôle et effectue le travail plus qu’honnêtement, nous ne pouvons passer sous silence les excellentes performances d’un Claude Prégent déterminé au possible, d’un Jean-Pierre Chartrand émouvant jusqu’aux larmes et d’un Hugo Giroux détestable, mais fragile.
Voilà comment on devrait revisiter un classique.