À Buenos Aires, capitale de l’Argentine, tout semble aller pour le mieux. Jusqu’à ce que la fin du monde survienne. Adaptée de la série de bandes dessinées du même nom, L’Éternaute (El Eternauta en langue originale espagnole) est une oeuvre de science-fiction qui mélange adroitement idées connues et audace scénaristique et artistique.
C’est la fin du monde, donc. Et pour un groupe d’amis qui jouaient aux cartes, l’heure est à l’adaptation. Alors que de la neige toxique tombe, à l’extérieur, en plein été argentin, neige qui tue quasi instantanément ceux et celles qui ont la malchance de ne pas pouvoir se protéger, nos protagonistes chercheront à l’organiser pour survivre.
Et qui dit apocalypse dit aussi effondrement des systèmes civilisationnels et retour de « l’hommerie » à vitesse Grand V. C’est ainsi la course aux masques à gaz, à la nourriture, et surtout aux armes à feu.
Bien entendu, cette seule déclinaison de l’effondrement de notre société ne suffit pas, et nous avons éventuellement droit à des visiteurs venus d’une autre planète. Visiteurs dont les intentions ne semblent pas particulièrement amicales.
Oui, le scénario de l’auteur des BD, Héctor Oesterheld, est relativement connu. Il l’était cependant sans doute beaucoup moins vers la fin des années 1950, date de la publication du premier tome de cette série en quatre volets. Et avec une bonne dose de références à la société argentine, ainsi qu’à son histoire – notamment la dictature militaire qui a étranglé le pays et la Guerre des Malouines –, la télésérie possède ce petit quelque chose qui fait la différence avec la multitude d’oeuvres relativement similaires.
Par ailleurs, le milieu argentin de la télévision disposant clairement de moins de moyens que le colosse américain, par exemple, même si le tout est diffusé sur Netflix, on sent parfois les limites techniques et financières de la chose.
Qu’à cela ne tienne, l’intérêt des séries et des films tient parfois à l’audace de ses créateurs, qui sont forcés de faire des choix. Et donc, on a droit, dans L’Éternaute, à d’excellentes séquences où la petitesse des moyens est compensée, par exemple, par une fantastique direction photo, ou encore une utilisation judicieuse des figurants et des décors.
Mieux encore, la finale de la première saison – le tournage de la deuxième aurait déjà débuté – est juste assez mystérieuse et captivante pour donner envie de passer directement au prochain épisode. Il faudra malheureusement prendre son mal en patience, mais dans un océan de productions américaines toutes un peu beiges, L’Éternaute représente un vent de fraîcheur. Un vent de fraîcheur mortel accompagné d’extraterrestres, mais un vent de fraîcheur malgré tout. À voir.