Les studios Warner rendent hommage à Clint Eastwood en faisant paraître ces jours-ci trois longs-métrages le mettant en vedette (Dirty Harry, The Outlaw Josey Wales et Pale Rider), disponibles pour la première fois en 4K, ce qui permettra à une nouvelle génération de découvrir le travail indémodable de cette icône du cinéma américain.
Depuis ses débuts en 1955, Clint Eastwood est devenu une figure emblématique du cinéma américain, portant tour-à-tour (et parfois simultanément) les chapeaux d’acteur, de réalisateur, de producteur et de compositeur. Dans un style de jeu dépouillé et avec une grande économie de moyens, il a popularisé des personnages ambigus, silencieux et moralement complexes au fil de sa longue carrière s’étendant sur sept décennies.
Incarnation du mâle alpha par excellence, il a joué des héros usés, violents et déchirés par des conflits intérieurs autant dans des westerns spaghettis, des drames policiers que des histoires de mœurs. Parmi son imposante cinématographie, les studios Warner viennent de faire paraître trois de ses longs-métrages en ultra-haute définition, permettant au public d’apprécier à sa juste valeur le travail de cette légende hollywoodienne.
Dirty Harry

De nos jours, la figure du flic ne respectant ni les règles ni l’autorité dans le but d’obtenir des résultats dans la lutte contre le crime est très répandue au cinéma, mais on peut retracer l’apparition de cet archétype à 1971, avec la sortie de Dirty Harry. Dans ce film coréalisé par Dan Siegel et Clint Eastwood, un criminel surnommé Scorpio menace de tuer une personne par jour de manière aléatoire jusqu’à ce que la ville lui remette une rançon de cent mille dollars.
Personnification de la brutalité policière, l’inspecteur Harry Callahan torture le suspect lors d’un interrogatoire musclé et fouille sa maison, bien qu’il n’ait pas de mandat pour ce faire. Les autorités sont donc obligées de relâcher le tueur présumé en raison d’un vice de procédure, et évidemment, celui-ci frappera de nouveau. À l’époque, le message de ce long-métrage, selon lequel la loi protège les criminels et empêche les bons policiers de faire leur travail, était peut-être novateur, mais il a été repris ad nauseam depuis par les politiciens de droite d’un peu partout à travers la planète. Il vaut toutefois encore la peine de regarder ce classique, qui a donné naissance à une franchise comptant pas moins de quatre suites.
The Outlaw Josey Wales

Après qu’un groupe de soldats confédérés aient brûlé sa maison et tué sa femme et son fils, Josey Wales, un simple fermier, décide de se venger en combattant aux côtés des forces Sudistes. Lorsque ses compagnons déposent les armes suite à la reddition du général Lee, Josey refuse d’abandonner le combat, et sa tête est alors mise à prix. Pourchassé par tous les mercenaires du Missouri et du Texas, il laissera une trainée sanglante de cadavres dans son sillage et se liera d’amitié avec de nombreux laissés pour compte en route vers le Mexique.
Datant de 1976, The Outlaw Josey Wales livre une histoire de vengeance, d’honneur et de pardon. Comme c’est souvent le cas des rôles interprétés par Eastwood, le héros est un homme stoïque, qui crache sa chique de tabac sans distinction sur les insectes, les chiens, ou les dépouilles des hommes qu’il vient d’abattre. Évidemment, rien n’est noir ou blanc dans les guerres, mais la particularité de ce film est de dépeindre les Nordistes comme sanguinaires, brutaux et traîtres, sans jamais mentionner que les Sudistes se battaient pour préserver l’esclavage. Au final, on apprécie surtout la vision réaliste du Far West que propose le long-métrage, dépeignant un monde brutal où la seule loi en vigueur est celle du chacun pour soi.
Pale Rider

Paru en 1985, on peut facilement qualifier Pale Rider de western atypique. Harcelés sans cesse par les hommes de Roy LaHood, un riche propriétaire cherchant à les déloger, un groupe de prospecteurs d’or est sur le point d’abandonner leur lutte, lorsqu’un cowboy solitaire apparaît comme par miracle pour les défendre et leur redonner espoir et confiance en eux.
Ce redresseur de torts sans nom n’a pas froid aux yeux, et en plus d’être un as de la gâchette, il est surtout… un prêtre! Il va de soi que, dans un monde sans foi ni loi, les gens sans aucun recours se tournent vers Dieu, et le film explore la dimension religieuse du Far Ouest, mais il aborde également la naissance du capitalisme sauvage, qui saborde les idéaux du rêve américain voulant que chacun puisse réussir s’il met les efforts nécessaires alors que les riches propriétaires terriens ne respectent ni la terre, ni les hommes qui triment dur, et souligne également l’arrivée de la modernité, avec l’utilisation d’une nouvelle technique d’extraction, la fracture hydraulique, qui détruit le paysage. Clint Eastwood livre ici une œuvre profonde, qui plaira même à ceux et celles n’ayant aucun intérêt pour les westerns.
Noirs intenses, couleurs vives, excellente profondeur de champ, images d’une clarté cristalline, le travail de restauration de la pellicule sur chacune de ces trois œuvres est remarquable, et propose une qualité visuelle impressionnante, surtout pour des productions datant dans certains cas de plus d’un demi-siècle. Les trois films sont disponibles séparément, et contiennent un disque 4K ainsi qu’un code donnant accès à une copie numérique. Pistes de commentaires, documentaires et multiples revuettes, on n’a vraiment pas lésiné sur le matériel supplémentaire. À lui seul, Pale Rider compte trois heures d’extras, et Dirty Harry quatre. Les cinéphiles seront donc comblés en visionnant tous ces bonus qui apportent un éclairage différent, et replacent ces longs-métrages dans leur contexte historique.
Que vous soyez un fan de longue date de Clint Eastwood ou que la curiosité vous incite à visionner pour la première fois l’un de ces trois classiques du septième art, ces rééditions en ultra-haute définition constituent le prétexte parfait pour se plonger dans l’œuvre d’un monument du cinéma comme il ne s’en fait plus.