Guerre contre la Russie oblige, l’Ukraine est devenue le plus grand importateur d’armements de la planète entre 2020 et 2024, révèle un nouveau rapport de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (SIPRI). Du même coup, la Russie, elle, voit ses exportations d’armes baisser, notamment en raison des sanctions et de l’utilisation de sa production pour ses propres forces armées.
Ainsi, dans une note d’information transmise par voie de communiqué, le SIPRI indique que si le palmarès des principaux exportateurs d’armes n’a pas changé, entre 2020 et 2024, comparativement à la période allant de 2015 à 2019, la Russie (7,8% des exportations mondiales) occupe maintenant la troisième place du palmarès, derrière les États-Unis (43%) et la France (9,6%).
Comme le rappelle l’organisation, « au moins 35 États ont envoyé des armements à l’Ukraine depuis le début de l’invasion russe à grande échelle, en 2022 », et d’autres importantes quantités d’armes et autres systèmes offensifs et défensifs doivent encore être livrées, malgré la suspension de l’aide militaire américaine à l’Ukraine récemment annoncée par l’administration Trump.
Ainsi, Kyiv aurait reçu 8,8% de toutes les importations d’armes, entre 2020 et 2024. Sans surprise, les États-Unis ont été les principaux fournisseurs d’armements à l’Ukraine, suivis de l’Allemagne et de la Pologne.
« Les nouveaux transferts d’armements reflètent clairement le réarmement en cours dans certains pays d’Europe, en réponse aux menaces de la part de la Russie », affirme Mathew George, directeur de programme au sein du SIPRI.
« Cependant, plusieurs grands importateurs d’armes, comme l’Arabie saoudite, l’Inde et la Chine, ont grandement réduit leurs commandes pour diverses raisons, malgré l’impression de l’existence de plusieurs menaces dans leur région respective. »
Washington multiplie les ventes, Moscou ralentit les siennes
Dans la foulée de cette menace russe, les membres européens de l’OTAN se sont toujours plus tournés vers les États-Unis pour remplir leurs arsenaux: de fait, entre 2015-2019 et 2020-2024, ces pays ont plus que doublé leurs achats d’armements, Washington fournissant 64% de ces fusils, canons et munitions.
« Si les États européens membres de l’OTAN ont, depuis la première présidence Trump, posé des gestes pour réduire leurs dépendances envers les armements américains et pour renforcer l’industrie du Vieux Continent, le commerce transatlantique remonte à loin dans ce domaine », mentionne Peter Wiezeman, chercheur au sein du SIPRI.
« Les importations en provenance des États-Unis ont augmenté et les membres européens de l’OTAN ont encore près de 500 avions de combat et autres armements en attente de livraison. »
Si les ventes d’armes américaines ont ainsi augmenté, celles de la Russie, elles, ont chuté de presque les deux tiers (-64%).
Et cette tendance, indique le SIPRI, date d’avant le déclenchement de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine.
« La guerre contre l’Ukraine a accéléré le déclin des ventes d’armes russes, parce que davantage d’armements sont requis sur le champ de bataille, les sanctions compliquent la fabrication et la vente d’armes, et les États-Unis et leurs alliés font pression sur les autres pays pour ne pas acheter d’armements russes », mentionne ainsi M. Wiezeman.
« Deux des principales relations d’affaires de la Russie dans ce domaine, soit avec l’Inde et la Chine, étaient déjà mal en point en 2022, New Dehli se tournant davantage vers d’autres fournisseurs, alors que Pékin encourage sa propre industrie de l’armement. »