Il y a de ces compositeurs qui, à l’évocation de leur nom, font surgir une pléthore d’images dans nos têtes. Lorsqu’il est question d’Ennio Morricone, impossible de ne pas imager un désert battu par les vents, alors que des bandits se regardent en chien de faïence, la main près du revolver. Il n’est donc pas surprenant que les westerns spaghettis eurent occupé une bonne part d’un récent concert rendant hommage à ce maître italien.
Les amateurs de musique de film commencent à bien connaître l’orchestre FilmHarmonique, qui multiplie justement les concerts du genre, où l’amour du septième art se combine à celui de la musique classique. Après avoir évoqué les plus belles compositions d’un certain John Williams, en mai dernier, voilà donc que l’on célèbre Morricone.
Bien entendu, celui-ci est connu pour ses thèmes musicaux cultissimes accolés à des westerns qui le sont tout autant, mais avec plus de 400 oeuvres dans son répertoire, le chef Olivier Choinière avait l’embarras du choix.
Voilà donc ce qui explique ce florilège particulièrement diversifié, notamment avec des pièces de l’excellent Cinéma Paradiso, en ouverture de programme. Comment passer à côté d’autres grands films, comme Le Professionnel, ou encore Il était une fois en Amérique?
Rondement mené, le concert évoquait parfois la cavalcade de certains personnages de ces fameux westerns; après tout, les pièces musicales du genre ne durent généralement que quelques minutes, ce qui a contribué à l’impression de rapidité.
Bientôt – même avant l’entracte, en fait –, il fut impossible d’échapper à l’inévitable. Et voilà donc nos musiciens lancés dans des interprétations de thèmes musicaux accolés à bien des classiques du western, dont Il était une fois dans l’Ouest, ou encore Pour une poignée de dollars. Chaque fois, Morricone démontrait sa grande inventivité, lui qui a toujours réussi à nous donner l’impression d’être dans le film, plutôt qu’y assister, tout simplement.
Et donc, nous y voilà, après un passage du côté des Incorruptibles: Le Bon, la Brute et le Truand, chef-d’oeuvre du genre avec un Clint Eastwood spectaculaire, et dont il est impossible de séparer les images de la bande sonore. Qui n’a pas souri, dans la salle de la Maison symphonique, en entendant l’harmonica résonner? Qui n’a pas eu de frissons lors des premières notes de L’Extase de l’or?
La chose était d’autant plus agréable que l’orchestre avait retenu les services d’un choeur, mais aussi de la soprano Myriam Leblanc, tout à fait capable de faire résonner sa voix à travers les accords des bois, des cuivres et des instruments à cordes.
En aurait-on pris plus? Sans doute. La faute, probablement, au côté bref de bien des compositions du maître, tel que déjà mentionné. L’orchestre, lui, a certainement été à la hauteur des attentes. Et on ne peut que se réjouir, devant la salle comble, de voir que la musique classique est toujours en mesure de rassembler les foules.