Les républicains qui estiment, de façon erronée, que Donald Trump a remporté la présidentielle américaine de 2020 s’attendent à un cycle électoral bien plus chaotique, cette année, comparativement aux électeurs de tout autre allégeance, même chez les plus modérés du même parti.
Ces résultats découlent d’un sondage effectué par le SNF Agora Institute, qui est rattaché à l’Université Johns Hopkins.
Chez ces républicains convaincus que Joe Biden a « volé » l’élection, en 2020, environ le tiers (31%) d’entre eux croient qu’il y aura « beaucoup » ou « vraiment beaucoup » de violence à saveur politique après la présidentielle prévue en novembre, cette année.
Chez les démocrates, cette proportion est également relativement élevée, à 24%, comparativement à 21% des électeurs indépendants, et seulement 12% des républicains qui reconnaissent la défaite de Trump, il y a quatre ans, indique ainsi le coup de sonde.
De plus, 65% des républicains croyant au « grand mensonge » à propos de 2020 estiment aussi que les États-Unis « risquent probablement », voire même « fortement » de plonger dans une guerre civile.
Ce qui s’avère inquiétant, toutefois, c’est que 43% des démocrates prévoient la même chose, contre 40% du reste des républicains. Chez les indépendants, près d’une personne sur deux (46%) envisage aussi l’éclatement d’un tel conflit à l’intérieur des frontières du pays.
Ces résultats découlent d’une enquête effectuée auprès de 2000 Américains ayant le droit de vote, entre le 26 et le 30 juillet derniers. Le coup de sonde est le premier d’une série de quatre, affirment les experts de Johns Hopkins, qui doivent permettre de mieux comprendre l’électorat américain et le fossé croissant entre les républicains refusant de reconnaître la victoire de Biden, en 2020, et ceux qui acceptent la vérité.
« Heureusement, ce ne sont pas tous les Américains qui pensent de la même façon que ceux qui nient le résultat de la présidentielle de 2020. Mais cela ne veut pas dire que tout est beau. Le fait de s’attendre à du chaos peut alimenter celui-ci », juge Liliana Mason, l’une des deux responsables du sondage, qui est aussi une professeure en science politique s’intéressant à la violence politique et à la polarisation.
« Si nous ne faisons pas attention, ce chaos peut venir déchirer le filet social et politique qui sous-tend notre démocratie. »
Dans le cadre de cette enquête, les participants ont répondu à des questions sur leur affiliation politique, les résultats de la présidentielle de 2020, l’endroit où ils s’informent et ce qu’ils pensent des gens appartenant à d’autres partis.
La plupart des répondants, soit près de 70% d’entre eux, ont jugé qu’il était important d’accepter les résultats électoraux, même si leur candidat perd.
« Pour qu’une élection démocratique juste et libre fonctionne, les gens doivent croire au système électoral et accepter le résultat », a pour sa part indiqué Scott Warren, lui aussi coauteur du sondage.
« Nos dirigeants élus devraient s’appuyer sur le fait que la vaste majorité des Américains estiment que les élections fonctionnent, et que les candidats défaits devraient concéder la victoire. Plutôt que d’alimenter le doute, les dirigeants doivent parler de la façon dont ces institutions démocratiques fonctionnent et bâtir la confiance au sein de l’électorat », a-t-il ajouté.
Craindre la désinformation
Fait important à noter, 85% des participants au sondage disent s’inquiéter à propos de la désinformation et de la mésinformation, dans le contexte électoral.
Ainsi, les républicains croyant que Trump a gagné en 2020 étaient les plus portés à craindre ces « fausses nouvelles » que tout autre groupe sondé, et rejettent la faute sur « les médias de l’establishment ». Ces mêmes répondants ont aussi fait savoir qu’ils avaient de fortes chances de se tourner vers « leur animateur télé favori », « les amis et la famille », ainsi que vers les « responsables électoraux » pour obtenir de l’information à propos des résultats électoraux dans leur État.
Les démocrates, eux, blâment à parts égales les « politiciens républicains » et les « médias conservateurs » comme vecteurs de désinformation. Ils sont également portés à se tourner plus rapidement vers les responsables électoraux pour obtenir des résultats.
« Nous savons que le leadership est important. Les responsables politiques et médiatiques ont une véritable influence sur leurs partisans », a encore indiqué la Pre Mason. « Si ces gens continuent de mettre de l’avant une vision dangereuse et chaotique de ce que pourrait être l’élection, ils pourraient en venir à créer une prophétie autoréalisatrice. S’ils préfèrent avoir une élection pacifique, il existe des choses plus faciles et simples à accomplir. »