N’est pas Balatro qui veut: les jeux de cartes ne sont certainement pas une nouveauté, dans l’univers du divertissement vidéoludique, mais les développeurs de chez LocalThunk avaient réussi un coup de maître avec ce titre mêlant roguelike et poker classique. Dans la foulée, Dungeons & Degenerate Gamblers tente de réaliser le même exploit, mais avec le blackjack. Et avec des résultats à l’avenant.
Précisons-le d’emblée: ce n’est rien contre les gens de chez Purple Moss Collectors, le studio responsable de la création de ce jeu. Ni rien contre l’éditeur, Yogscast Games: Dungeons & Degenerate Gamblers possède tous les artifices nécessaires pour s’inscrire dans la même lignée que Balatro: l’esthétique est un peu rétro, on y trouve de bons gags et références, les cartes spéciales – voire franchement étonnantes – foisonnent, la musique est tout à fait correcte…
Le hic, en fait, c’est que contrairement au poker, le blackjack repose entièrement sur le hasard. Le poker dépend lui aussi de la façon dont les cartes sont brassées, mais pour former ses mains et améliorer son pointage, le joueur s’aventurant du côté de Balatro doit toujours choisir ses cartes, histoire de viser le meilleur score possible, déclencher des effets particuliers, etc.
Oui, dans D&D G, certaines cartes permettent d’en glisser d’autres dans sa main, plutôt que de les laisser dans sa pioche, et ainsi décider du moment où elles pourront être jouées, moyennant des pièces spéciales qu’il sera possible d’accumuler, mais la grande majorité du temps, le seul aspect décisionnel du jeu consistera à déterminer si l’on veut recevoir une carte supplémentaire, ou si l’on veut s’arrêter là, dans l’espoir que l’adversaire obtienne un score inférieur, ou dépasse la limite des 21 points (ou 22, ou…, en fonction d’éventuels modificateurs).
Pire encore, il ne faudra pas passer beaucoup de temps dans le jeu pour assister à des situations où notre adversaire joue une carte déclenchant une série d’effets dont on ignorera l’impact final… y compris une carte qui échangera carrément les mains des joueurs. Ou cette autre carte qui remplace l’une de nos propres cartes déjà jouées, faisant bondir d’autant notre score. Non seulement nous n’avons pas le contrôle de notre propre main, et donc de nos actions, mais le jeu ajoute une couche de hasard et de chaos supplémentaire.
S’il est possible de triompher aisément de certains adversaires, et donc de progresser d’un, deux, voire trois niveaux, le tout en un temps record, il est aussi tout à fait envisageable de se buter à une série de mauvais coups du hasard – et à des opposants un peu trop chanceux –, et de perdre une partie en cinq minutes à peine. Le tout avec une bonne dose de frustration.
L’idée de base de Dungeons & Degenerate Gamblers avait du bon, mais son exécution est problématique. On a, en fait, un peu l’impression de jouer à « cliquer sur le bouton »-simulator. Le joueur a peut-être un peu d’influence sur le reste, mais cela ressemble à une tentative d’influencer ses chances de prédire les numéros gagnants de la loterie: on aura beau tenter de développer des trucs, il n’en reste pas moins que le hasard va toujours l’emporter. Et le hasard pur fait de bien mauvais jeux vidéo.
Dungeons and Degenerate Gamblers
Développeur: Purple Moss Collectors
Éditeur: Yogscast Games
Plateformes: Windows, Linux, macOS (testé sur Windows/Steam)
Jeu disponible en français (interface)