À Chicago, une avocate du bureau du procureur de la ville est sauvagement assassinée; l’un de ses anciens collègues, « Rusty » Sabich, joué par Jake Gyllenhaal, va mener l’enquête pour attraper le tueur. Mais les choses vont rapidement partir dans tous les sens, au grand plaisir des téléspectateurs, dans Presumed Innocent.
Diffusée sur Apple TV+ depuis juin, la série, adaptée du roman du même nom publié dans les années 1980, représente en fait la deuxième transposition de l’oeuvre à l’écran, après un film dans les années 1990. Cette fois, c’est en huit épisodes que se déroule le drame entourant la mort de Carolyn Polhemus, jouée par la toujours excellente Renate Reinsve.
Ce qui apparaît rapidement, c’est que Rusty et Carolyn étaient amants – Rusty est déjà marié à Barbara, avec qui il a deux enfants, tous deux adolescents. Pire encore, Carolyn était enceinte de Rusty, qui n’acceptait pas que cette dernière ait mis fin à leur relation. Dès lors, le procureur adjoint devient le principal suspect en lien avec ce meurtre. Une situation qui n’est aidée en rien par le fait que son patron vient de perdre ses élections face à un autre membre du bureau, l’ambitieux Nico Della Guardia, qui s’entoure de sycophantes, plutôt que de gens compétents.
Cela ne veut pas dire que Tommy Molto (Peter Sarsgaard), celui qui mènera le procès contre Rusty Sabich, est un bon à rien. Mais lui aussi est ambitieux… et plus de plus ou moins bien cacher qu’il avait également des sentiments pour Carolyn. Était-il jaloux de Rusty? Veut-il se « venger » d’un rival?
Sur huit épisodes, Presumed Innocent multiplie les révélations. Et s’il est facile de donner dans les effets de toge (un jeu de mots tout à fait voulu, ici), l’art de la série dramatique consiste à utiliser efficacement le compte-gouttes pour s’assurer de maintenir les spectateurs rivés sur le bout de leur siège.
Considérant que ce journaliste a englouti les huit épisodes en à peine plus de deux journées, on peut conclure que l’objectif a été atteint: nos personnages multiplient les erreurs, sont terriblement humains, et on en vient à un point que l’on ne sait plus, en fait, si le personnage principal est innoncent, ou non, malgré les vifs démentis de l’individu en question.
Une bonne partie de l’attrait de Presumed Innocent tient au jeu des acteurs, en tout premier lieu celui de Jake Gyllenhaal. Parfois larmoyant, parfois désespéré, parfois violent, Rusty Sabich semble toujours cacher son jeu, ce qui le rend à la fois attachant et terrifiant.
Et son opposant, Tommy Molto, est lui aussi intrigant, sournois, parfois maladroit, d’autres fois en pleine possession de ses moyens. Ironiquement, d’ailleurs, autant les personnages de Sabich et Molto se détestent, dans la série, autant… Peter Sarsgaard est le beau-frère de Jake Gyllenhaal, puisqu’il est marié à sa soeur, Maggie.
Franchement bien rythmée, avec une excellente utilisation des espaces, de la lumière, des changements d’éclairages, Presumed Innocent est une oeuvre rafraîchissante dans un milieu télévisuel et cinématographique où les histoires de procès abondent. Ces huit heures consacrées à autant d’épisodes sont une utilisation tout à fait justifiée de notre temps… Profitons de cette télé audacieuse!