Les adultes âgés de 60 ans et plus vivant dans des pays industrialisés dépensent davantage d’argent, pour se chauffer et pour faire fonctionner leurs appareils électriques, que les citoyens plus jeunes. Ces aînés sont par ailleurs plus nombreux à éprouver de la difficulté à faire baisser ces prix, selon une étude en partie réalisée par des chercheurs de l’Université du Maryland.
L’équipe de recherche, qui comprend aussi des spécialistes des Universités de Shandong, en Chine, et de Groningen, aux Pays-Bas, a aussi constaté que les coûts liés à l’énergie représentaient une part croissante des revenus, à mesure que les gens vieillissent.
Cette étude a été publiée dans Proceedings of the National Academy of Sciences.
« Les aînés tendent à demeurer plus longtemps à la maison en raison de leurs besoins en matière de santé, et donc consomment davantage d’énergie à domicile. Leurs tendances, en termes de consommation d’énergie, sont aussi modelées par des facteurs générationnels et liés aux habitudes, comme c’est le cas pour les baby-boomers, qui consomment plus d’essence en lien avec leurs préférences en termes de véhicules à moteur », indique le professeur Kuishuang Feng, professeur de sciences géographiques et l’un des auteurs des travaux.
« Cela mène à un fardeau financier plus lourd en ce qui concerne l’énergie. »
Les chercheurs ont par ailleurs mis de l’avant le fait que lorsque les coûts de l’énergie augmentent, les solutions, pour les aînés, ne sont pas aussi simple que de mieux gérer leur argent, ou de trouver un autre emploi. Selon eux, peu de nouveaux postes sont créés pour les personnes âgées de plus de 55 ans, par exemple aux États-Unis.
« Les personnes âgées à faible revenu font face à d’importants obstacles, lorsque vient le temps de réduire leur emprunte carbone et de gérer leurs factures pour l’énergie, en raison d’entrées d’argent limitées, de contraintes physiques, ainsi que le fait de vivre dans des domiciles plus anciens et plus énergivores », souligne de son côté le professeur Laixiang Sun, lui aussi coauteur des travaux de recherche.
« Le manque d’informations, les difficultés d’adaptation aux nouvelles technologies, et le fait de prioriser sa santé et d’autres dépenses, par rapport aux investissements moins énergivores, viennent tous exacerber ce problème. »
Des dépenses importantes
En s’appuyant sur des sondages portant sur les dépenses des ménages, les chercheurs ont découvert que le fardeau des coûts de l’énergie, chez les 60 ans et plus, était plus important que dans trois autres groupes d’âge, soit les 30 ans et moins, les 30-44 ans et les 45 à 59 ans.
Aux États-Unis, l’énergie représente 12,7% des dépenses des personnes âgées, contre 11,3%, 10,9% et 10,6% chez les autres groupes, respectivement.
Au Japon, l’énergie vient grignoter une part encore plus importante du budget des aînés, soit 15%, alors que chez les autres groupes, il est plutôt question de 12,7%, 12,4% et 9,3%, respectivement.
Toujours au dire des chercheurs, il est apparu que cet impact est, sans trop de surprises, plus conséquent chez les aînés les plus pauvres, soit 16,9% pour les personnes âgées américaines, contre 17,1% chez le même groupe, au Japon.
Ces conclusions, écrivent encore les spécialistes, s’ajoutent aux travaux précédents du Pr Feng, qui s’est intéressé à la consommation des adultes plus âgés, y compris dans le cadre d’une étude, publiés dans Nature Climate Change, qui a révélé que les adultes de 60 ans et plus, provenant de pays industrialisés, avaient augmenté leurs émissions de GES de 7,5% entre 2005 et 2015, les plaçant en position pour dépasser le groupe d’âge le plus « pollueur », soit les 45 à 59 ans.
Au dire du professeur, les nouvelles constatations font en sorte qu’il est plus que jamais nécessaire, pour les décideurs politiques, de s’impliquer et de s’attaquer à cette question; pas seulement pour aider à favoriser le confort des aînés, mais aussi pour lutter contre la crise climatique.
« Même si de précédentes politiques publiques ont inclus les personnes à faible revenu afin de réduire l’impact des hausses du prix de l’énergie, les défis des aînés plus pauvres n’ont pas suffisamment attiré l’attention », a-t-il déclaré.