Même des chercheurs de ce géant pétrolier qu’est l’Arabie saoudite le reconnaissent: si leur pays ne s’adapte pas aux bouleversements climatiques à venir, il fera face aux « conséquences irrévocables de son inaction ».
C’est ce qu’on peut lire dans un document de 133 pages publié par des scientifiques de deux institutions: l’Université des sciences et des technologies du roi Abdallah, et le Centre d’études et de recherche sur le pétrole du roi Abdallah.
Les auteurs y parlent d’une véritable « crise existentielle » pour leur pays: la hausse appréhendée de 3 degrés Celsius par rapport à l’ère pré-industrielle menace les réserves de nourriture et d’eau potable, en plus de la santé des populations et des millions de visiteurs qui viennent chaque année en pèlerinage à La Mecque.
Et 3 degrés de plus, c’est une moyenne sur un an. Dans les faits, plusieurs projections ces dernières années ont plutôt rappelé que dans certaines parties du Moyen-Orient, au rythme où vont les choses, les journées où la température dépasse les 50 degrés seront de plus en plus fréquentes. Or, à ces niveaux, un être humain ne peut tout simplement pas survivre longtemps à l’extérieur: notre seuil limite de survie est situé à 35°C, avec 80 % d’humidité, soit une température ressentie de 53°C.
Ces dernières semaines, comme chaque année à l’approche du sommet des Nations unies sur le climat, différentes estimations ont rappelé que la plupart des pays étaient en retard sur leurs cibles de réduction des gaz à effet de serre. Parmi ces pays, l’Arabie saoudite.
Et ce n’est pas seulement parce que ce gouvernement continue de subventionner l’exploitation pétrolière: l’invasion de l’Ukraine par la Russie, en février 2022, a poussé vers le haut le prix du pétrole, et ceux qui en ont bénéficié — et continuent d’en bénéficier — sont les multinationales américaines et européennes du pétrole, de même que les États pétroliers, comme l’Arabie saoudite.