Des dizaines, voire des centaines de millions de chômeurs, ou plutôt la source de création d’autant, sinon plus, de nouveaux emplois? Les experts sont partagés à propos de l’influence de l’intelligence artificielle sur le marché du travail, mais l’Organisation international du travail (OIT), une agence onusienne, estime que l’IA devrait créer plus de postes qu’elle n’en fera disparaître.
Dans une nouvelle étude intitulée Generative AI and Jobs: A global analysis of potential effects on job quantity and quality, l’OIT se penche sur ces services numériques, ChatGPT et autres, qui peuvent produire des images, de la vidéo, ou encore du texte et du code informatique selon les demandes des utilisateurs. Ces mêmes services ont provoqué une onde de choc dans les entreprises où un grand nombre de tâches s’articulent autour de la production de rapports, dossiers et autres documents techniques.
Les démarches de l’OIT révèlent que « la plupart des emplois et des industries ne sont que partiellement exposés à l’automatisation et sont plus susceptibles d’être complétés que remplacés par la dernière vague d’IA générative, telle que ChatGPT », peut-on lire dans un résumé publié en ligne.
« Par conséquent, l’impact le plus important de cette technologie ne sera probablement pas la destruction d’emplois, mais plutôt les changements potentiels de la qualité des emplois, notamment l’intensité du travail et l’autonomie », affirment les auteurs du rapport.
Le travail de bureau en danger
Au dire de l’OIT, c’est le travail d’employé de bureau qui est le plus à risque d’être affecté par l’implantation de l’IA, alors que l’on y recense « un quart des tâches considérées comme très exposées et plus de la moitié des tâches présentant un niveau d’exposition moyen ». Pour d’autres catégories professionnelles, cependant, comme les emplois de cadres, de professionnels et de techniciens, l’exposition au risque de voir ses tâches « remplacées » par un ordinateur est moindre.
Les spécialistes de l’agence internationale précisent aussi, sans trop de surprise, que le niveau d’exposition au « risque » représentant l’IA générative dépend du niveau de développement d’un pays, en plus de différer selon le contexte économique et les écarts technologiques.
L’étude mentionne par ailleurs que « 5,5 % de l’emploi total dans les pays à revenu élevé est potentiellement exposé aux effets d’automatisation de la technologie, alors que dans les pays à faible revenu, le risque d’automatisation ne concerne qu’environ 0,4 % de l’emploi ».
L’OIT juge parallèlement que « le potentiel de création » d’emplois est relativement le même dans tous les pays examinés, ce qui porte à croire que « cette nouvelle vague de transformation technologique pourrait offrir d’importants avantages aux pays en développement ».
Les femmes plus à risque?
Comme dans bien d’autres domaines sociaux ou économiques, lorsqu’il est question de changements, l’étude révèle que ce sont les femmes qui sont les plus à risque d’être affectées par les transformations à venir. De fait, les emplois féminins seraient au moins deux fois plus à risque d’être touchés par cette automatisation potentielle.
La raison? « les emplois de bureau étant traditionnellement une source importante d’emplois féminins au fur et à mesure que les pays se développent économiquement, l’IA générative pourrait avoir pour conséquence que certains emplois de bureau ne voient jamais le jour dans les pays à faible revenu », indique l’OIT.
L’agence internationale propose d’ailleurs de favoriser le dialogue avec les travailleurs, la formation et la mise en place d’une protection sociale adéquate « pour gérer la transition ».
« Dans le cas contraire, seuls quelques pays et acteurs du marché bien préparés risquent de bénéficier de la nouvelle technologie », préviennent les auteurs de l’étude.