Une nouvelle étude récemment publiée dans l’International Journal of Communication révèle comment les fonctionnalités uniques de TikTok ont été utilisées pour répandre de la désinformation à propos de la COVID-19. Contrairement à Twitter, qui utilise un format textuel, écrivent les auteurs des travaux, le format de micro vidéo de TikTok rend plus difficile la tâche de détection d’informations mensongères ou trompeuses.
« Voilà pourquoi je m’appuie sur des méthodes qualitatives pour mieux comprendre comment la désinformation apparaît sur TikTok », mentionne l’autrice de l’étude, Morgan Lundy, étudiante au doctorat à la School of Information Sciences de l’Université de l’Illinois à Urbana-Champaign.
« L’information transite par des objets médiatiques tellement riches – vous avez le son, les visuels, le texte, le langage corporel, les sous-titres, et des éléments de memes qui nécessitent du contexte; tous ces éléments interagissent ensemble pour créer le « sens » ou l’information (ou la désinformation) qui est partagée. »
Mme Lundy a utilisé une approche double s’articulant autour de « l’apprentissage » d’un algorithme et d’un échantillonnage de mots-clics pour obtenir les données nécessaires à son étude.
Elle a également employé des méthodes visant à chercher un « langage communautaire », plutôt que les termes attendus, pour obtenir un portrait plus représentatif de ce à quoi ressemble la désinformation sur la plateforme.
Selon la chercheuse, la réactivité très importante du filtrage algorithmique de TikTok représente un problème particulier en ce qui concerne la déferlante de fausses nouvelles et de désinformation.
« Plus vous interagissez avec de la désinformation, plus vous allez en voir – vous pouvez rapidement vous retrouver inondé de vidéos TikTok liées à de la désinformation à propos des vaccins contre la COVID-19, tout simplement après avoir aimé quelques vidéos », affirme-t-elle.
Cette dernière a appris que les utilisateurs de TikTok qui s’oppose à la vaccination contre la COVID-19 utilisent un langage volontairement codé, des mots mal écrits, ainsi que des mots-clics alternatifs pour échapper aux efforts de lutte contre la désinformation.
La chercheuse a aussi constaté que les sujets de désinformation se trouvant déjà dans de précédents contenus portant sur l’hésitation vaccinale – des parodies des effets secondaires du vaccin, des craintes à propos de la production et de l’approbation des vaccins, des conspirations à propos des gouvernements ou du contenu des remèdes, ainsi que des affirmations voulant que la COVID-19 n’est pas dangereuse – sont encore largement répandus, malgré les démarches de la santé publique pour en venir à bout.
L’étude illustre le fait, juge Mme Lundy, comment la désinformation apparaît souvent sous la forme d’erreurs de logique, où certaines informations peuvent être véridiques, mais mènent à des conclusions erronées.
« J’espère vraiment qu’une meilleure compréhension de la façon dont la désinformation se répand sur TikTok aidera les responsables en matière de santé publique », a-t-elle déclaré.
« J’ai reçu une bonne rétroaction de la part des Centres de contrôle des maladies et de l’Organisation mondiale de la santé, et cela serait utile si cette étude pouvait, d’une façon ou d’une autre, contribuer aux conversations importantes à propos de la recherche en santé impliquant des vidéos, des images et des séquences audio complexes. »