Alors que le coût de la vie continue de croître fortement, une nouvelle étude démontre que plus de la moitié des travailleurs de plateformes – gig workers, dans la langue de Shakespeare – du Royaume-Uni sont payés moins cher que le salaire minimum.
Dans le cadre de la première étude du genre, menée par l’Université de Bristol, il a été révélé que 52 % de ces travailleurs effectuant des tâches allant de l’entrée de données à la livraison de nourriture gagnaient moins que le salaire minimum. En moyenne, les participants ont indiqué gagner 8,97 livres sterling de l’heure (environ 15 $ canadiens), soit environ 15 % de moins que le salaire minimum actuel, qui est passé à 10,42 livres de l’heure (environ 18 $) ce mois-ci.
Plus de trois quarts des répondants (76 %) ont aussi dit vivre de l’insécurité et de l’anxiété liée au travail.
Le principal auteur des travaux, le Dr Alex Wood, explique que « les conclusions soulignent le fait que travailler dans ce genre de métier, au Royaume-Uni, signifie souvent gagner peu, et vivre de l’anxiété et du stress. Pendant que les prix des aliments et du carburant, ainsi que les frais liés au logement, continuent d’augmenter, ce groupe de travailleurs est particulièrement vulnérable et doit être mieux rémunéré et mieux protégé ».
Au dire des spécialistes, il est tout aussi inquiétant que plus du quart des participants (28 %) jugent que leur santé ou leur sécurité est à risque au travail, et que le quart (25 %) ressentent de la douleur lorsqu’ils accomplissent leurs tâches.
Interrogés à savoir ce qui pourrait aider à améliorer leur situation, les participants ont largement évoqué ce qui représente des droits de base, à savoir des augmentations du salaire minimum, des journées de congé et de maladie payées, ainsi que des protections contre les congédiements injustes.
Des organisations pour défendre leurs droits
Parmi les autres suggestions, les travailleurs ont évoqué la création de syndicats et d’organisations des droits du travail, afin de refléter leurs demandes et d’aider à influencer la façon dont les plateformes fonctionnent et modifier leurs conditions de travail.
Plus de trois quarts des participants jugent que la mise en place de telles structures entraîneraient l’obtention immédiate d’avantages.
Toujours selon le Dr Wood, « l’un des principaux facteurs contribuant aux bas salaires est le fait que ce travail implique le fait d’attendre pendant de longues périodes avant d’obtenir une tâche, tout en étant connecté à une plateforme. Non seulement ce travail est-il mal payé, mais il est aussi extrêmement incertain et risqué ».
« Les travailleurs autonomes qui dépendent des plateformes pour gagner leur vie ont urgemment besoin de protections en matière d’emploi pour les protéger contre les immenses déséquilibres en matière de pouvoir et d’influence qui existent dans ce secteur. Il est clairement nécessaire d’étendre la définition du statut de travailleur à ces gens pour les protéger. »
L’étude a rassemblé 510 Britanniques travaillant pour diverses plateformes; l’ensemble du secteur a été représenté, affirme les chercheurs, alors qu’environ la moitié des répondants étaient des travailleurs autonomes à distance pour des services comme Upwork et Fiverr, où ils choisissent des tâches allant de l’entrée de données à la conception de sites web.
L’autre moitié des participants regroupait des chauffeurs transportant de la nourriture, ou encore des passagers via des plateformes comme Deliveroo et Uber.
Plus que des emplois supplémentaires pour gagner de l’argent supplémentaire, ces tâches représentaient, en moyenne, 28 heures de travail par semaine pour les participants, en plus d’équivaloir à 60 % de leurs revenus.
Les répondants ont aussi, dans une très grande majorité, décrit leur travail comme un emploi autonome, et estiment que l’expansion des droits des travailleurs, pour inclure les travailleurs autonomes, viendrait grandement améliorer leur vie quotidienne.