Les Vikings du Groenland, pendant les quatre siècles où ils ont habité cette île, ont importé des matériaux d’Europe, comme du fer et du bois. Mais aussi du bois nord-américain, à en juger par une poignée de fragments.
La présence de fer importé de Scandinavie était connue des historiens depuis longtemps. Elle est attestée par des documents, puisque la petite colonie groenlandaise a vraisemblablement commercé avec l’Islande ou l’Europe pendant une bonne partie de son existence, de l’an 985 jusqu’au début des années 1400.
Mais l’origine du bois était plus difficile à établir. Il en poussait sur l’île, mais pas nécessairement adéquat pour la construction de maisons, et surtout de bateaux. Aurait-il été possible que les Vikings en aient ramené de leur colonie de Terre-Neuve, ou d’autres rivages nord-américains, moins lointains que l’Europe ?
L’archéologue Lísabet Guðmundsdóttir, de l’Université d’Islande à Reykjavik, s’est attelée à une analyse de la structure microscopique de 8552 fragments de bois provenant de cinq sites du Groenland. Si la majorité proviennent de Norvège et du nord de l’Europe, certains de ces fragments pourraient être du bois de grève, c’est-à-dire des troncs d’arbres qui, portés par les marées, ont flotté jusque-là. L’archéologue en a identifié 26 qui sont « sans ambiguïté » du bois importé, dont certains proviennent d’arbres qui n’étaient pas présents en Europe à l’époque : le pin gris et la pruche.
Quelques-uns d’entre eux pourraient avoir été importés de l’un ou l’autre des continents, comme le chêne. Les historiens présument que le bois importé, à la différence du bois local ou du bois de grève, était réservé aux plus riches, pour la construction de leurs maisons ou de leurs bâtiments de ferme.
L’analyse est parue le 17 avril dans la revue Antiquity.