Nul besoin de présenter John Carpenter; mais deux avant Halloween, un film qui allait lancer autant un genre qu’une carrière, le réalisateur, scénariste et compositeur s’est fait les dents avec Assault on Precinct 13, un film qui évoque aujourd’hui autant les westerns d’autrefois que des classiques tels que The Raid et Dredd.
Dans un quartier mal famé de Los Angeles, un policier est appelé à prendre le relais pour surveiller la dernière nuit d’activité d’un poste de police qui doit officiellement fermer ses portes le lendemain. Bien mal lui en prendra, car des bandits sanguinaires poursuivant un père affolé, dont ils ont justement abattu la fille, finiront par donner l’assaut contre ce commissariat isolé du reste de la ville.
Et… c’est à peu près tout ce qu’il y a, dans ce film. Bon, pas tout à fait : il y a toute cette histoire de détenus en route vers une autre prison, où ils seront logés dans l’aile des condamnés à mort, qui finissent par se retrouver dans le commissariat éventuellement assiégé, et qui tenteront eux aussi de se défendre, mais la plupart des personnages du film sont soit inintéressants, soit tués rapidement, soit les deux à la fois.
Dans ces conditions, dur d’avoir un scénario élaboré et des interactions complexes entre les personnages. Bien sûr, on peut apprécier l’exercice de style, Carpenter qui reprend à son compte certains codes de la résistance jusqu’à la mort de certains films de cowboys, en y ajoutant une dose de modernisme, avec de grosses cylindrées et des armes plus contemporaines.
On peut aussi trouver intéressante l’image d’un gang de fanatiques non seulement désireux de semer la violence et la mort, mais qui sont carrément prêts à se sacrifier en grand nombre pour atteindre leur objectif. Et quel est-il, d’ailleurs? Cela n’est jamais expliqué, mais on pourrait imaginer un clin d’oeil à la panique satanique qui gagnait peut-être déjà l’Amérique, et qui ferait des ravages dans le pays durant les années 1980.
Autrement, le film est étrangement silencieux. Bien entendu, Carpenter signe la bande son, avec ses synthétiseurs qui ont eu le temps, avec les années, d’être futuristes, puis un peu kitsch, et maintenant délicieusement rétro, mais autrement, rien, que des bruitages et éventuellement, des coups de feu. Peut-être était-ce simplement la façon de faire les choses, à l’époque; après tout, écouter Dirty Harry, sorti en 1971, montre un film avec d’étranges longueurs et une grande absence d’ambiance sonore.
Qu’à cela ne tienne, si Assault on Precinct 13 n’est clairement pas le meilleur film de John Carpenter, il vaut malgré tout la peine d’être vu, ne serait-ce que pour l’exercice de style. Autrement, toutefois, on se reprendra avec des films similaires beaucoup plus modernes… et largement meilleurs, comme Dredd, justement.