L’idée d’une révolution à venir dans le domaine de la contraception masculine continue de suivre son cours. Selon un nouveau sondage, 78 % des hommes interrogés seraient ouverts à l’idée de l’équivalent masculin de la pilule contraceptive, déjà très répandue chez les femmes, mais disent aussi en craindre d’éventuels effets secondaires.
L’étude en question, réalisée conjointement par l’entreprise de jouets sexuels We-Vibe et l’institut de recherche YLabs auprès de plus de 3500 personnes, indique par ailleurs que si les femmes sont encore nombreuses à prendre la pilule contraceptive, qui est accessible depuis les années 1960, la perspective quant à la prise de responsabilité (et la prise de risques, en raison des effets secondaires) continue de changer.
De fait, en 2010, 46 % des femmes de moins de 20 ans bénéficiant d’une assurance maladie se voyaient prescrire la pilule. En 2020, ce taux avait chuté à 35 %. De moins en moins de femmes semblent ainsi vouloir accepter de porter le fardeau de la prise de cette pilule, et d’accepter les risques en matière de santé qui y sont associés.
De leur côté, les hommes – principalement ceux des plus jeunes générations – sont davantage prêts à accepter la responsabilité de la contraception. Ainsi, 83 % des participants ont souligné que cette responsabilité incombait à tous les partenaires, lors d’une relation sexuelle, et pas seulement à la femme, par exemple.
« En fin de compte, tout le monde bénéficie de méthodes contraceptives différentes. Elles peuvent renforcer la relation et la confiance et permettre aux deux partenaires de profiter encore plus de leurs moments intimes », souligne de son côté Johanna Rief, responsable de l’autonomisation sexuelle chez We-Vibe.
Le hic se trouve effectivement du côté des effets secondaires possibles d’une pilule contraceptive masculine.
Toujours dans le cadre de l’étude, les hommes ayant participé ont indiqué, à plus de 40 %, qu’ils « ne pourraient endurer quelque effet secondaire que ce soit », plutôt que de pouvoir « choisir » entre quatre effets proposés par les auteurs de l’étude, soit un gain de poids, l’apparition de boutons, la diminution de la libido, ou encore des changements d’humeur. Cette proportion est un peu moindre pour les femmes, mais s’approche malgré tout des 40 %.
Toujours chez les femmes, si l’on peut imaginer que le transfert de responsabilité, par rapport à la contraception, soit bien accueilli, cela n’enlève toutefois pas le poids de cette responsabilité des épaules des partenaires féminins : un grand nombre de participantes à l’étude ont révélé qu’elles ne faisaient pas confiance aux hommes pour s’assurer de bel et bien prendre leur pilule contraceptive.
Des solutions en développement
Bien sûr, s’il existe déjà le port du condom, comme méthode contraceptive efficace, peu encombrante et aux effets secondaires quasi nuls, les scientifiques travaillent actuellement à d’autres alternatives, y compris pour éviter une éventuelle réaction allergique au latex des préservatifs.
Dans son étude, We-Vibe évoque deux possibilités, soit un gel qui peut être appliqué sur la peau et réduit efficacement le nombre de spermatozoïdes, ou encore une injection non hormonale dans le canal déférent qui arrête la libération des spermatozoïdes.
« Les deux approches ont jusqu’à présent montré peu ou pas d’effets secondaires. Cet aspect en particulier sera extrêmement important dans le développement de nouvelles préparations pour hommes », lit-on dans le rapport.
Ce document rappelle par ailleurs que « la moitié de toutes les grossesses, dans le monde, ne sont pas planifiées », et sont largement plus nombreuses dans les pays moins développés, où l’accès aux contraceptifs est plus complexe. Et puisque la pilule et d’autres méthodes contraceptives pour les femmes sont plus chères, celles-ci doivent souvent s’en passer