Pour contrer l’impact que continue d’avoir, sur le marché alimentaire mondial, l’invasion de l’Ukraine par la Russie, les Nations unies ont annoncé l’achat d’une cargaison de 30 000 tonnes de céréales qui seront transportées vers divers pays souffrant d’insécurité alimentaire. Le Yémen, déjà frappé par une violente guerre civile, pourrait être l’une des nations visées par cette aide internationale.
Dans une annonce publiée sur son site internet, l’ONU précise que le bateau affrété pour l’occasion, The Brave Commander, devait arriver en Ukraine vendredi dernier et accoster au port de Yuzhny, où le Programme alimentaire mondial (PAM) prendra livraison de cette cargaison devant ensuite être distribuée aux « pays les plus touchés par la crise alimentaire mondiale ».
Si le porte-parole du PAM à Genève, en Suisse, Tomson Phiri, dit n’avoir aucune idée de la destination finale du navire et de ses précieuses tonnes de blé, il précise toutefois que le premier objectif du cargo sera de rejoindre Djibouti, dans la Corne de l’Afrique, pour ensuite distribuer sa cargaison. Dans cette région, quelque 18 millions de personnes souffrent de la faim, après quatre années de sécheresse.
« Le PAM espère que le MV Brave Commander est le premier de ce qui deviendra des expéditions régulières depuis l’Ukraine, l’Initiative pour les céréales de la mer Noire prenant de l’ampleur », a ajouté M. Phiri.
Jusqu’à présent, aucun des navires partis d’Ukraine avec quelques-unes des millions de tonnes de céréales en attente d’exportation, n’avait comme destination des zones du globe où règne la faim. Cela s’explique, mentionne le PAM, par le fait que les contrats en attente avaient été signés avant le début de l’invasion russe.
Mais pour l’ONU, mentionne-t-on, il s’agit d’une « étape importante dans les efforts visant à réintégrer les denrées alimentaires ukrainiennes sur les marchés mondiaux ». À la suite de l’accord conclu entre l’Ukraine et la Russie, sous l’égide des Nations unies et de la Turquie, le prix des céréales a d’ailleurs largement baissé, ce qui devrait réduire la pression sur le marché alimentaire.
« Il est essentiel que cette dynamique se poursuive, car nous nous efforçons d’apporter une stabilité et un soulagement indispensables à la sécurité alimentaire mondiale, en particulier dans les contextes humanitaires les plus fragiles », a ajouté M. Phiri.
En tout, 345 millions de personnes vivant dans 82 pays, un nombre record, sont confrontées à une insécurité alimentaire aiguë. De ce nombre, jusqu’à 50 millions sont au bord de la famine.
Le Yémen toujours en crise
L’un des pays les plus touchés, justement situé dans la région où sera distribuée la cargaison se trouvant à bord du Brave Commander, est le Yémen, qui est ravagé depuis de nombreuses années par une terrible guerre civile.
Toujours selon l’ONU, « environ 40 % des Yéménites sont en situation d’insécurité alimentaire, selon une évaluation nationale récente » réalisée en avril dernier.
Pour l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), « les prix des aliments, en particulier des céréales, sont devenus inabordables pour les familles vulnérables » après l’invasion de l’Ukraine par la Russie.
Outre la guerre en Ukraine, les conditions climatiques sont un autre facteur qui vient empirer la crise alimentaire au Yémen. En effet, pour « l’année 2022 reste comme la troisième année la plus sèche des quatre dernières décennies, après 2014 (la plus sèche) et 2000. Les précipitations diminuent en moyenne de 0,3 mm par an, et des schémas extrêmes, davantage de sécheresses et d’inondations, sont attendus à l’avenir ».