D’abord observés au Royaume-Uni, les cas de cette mystérieuse variole du singe sont pour l’instant plus mystérieux qu’inquiétants. Mais on peut être sûr que le nombre réel de cas est plus élevé que le nombre de cas rapportés, compte tenu de leur dispersion géographique.
Sur au moins trois continents
Un premier cas a été rapporté au Royaume-Uni le 7 mai, chez un voyageur de retour du Nigéria. Deux autres le 14 mai, puis une dizaine de cas suspects quelques jours plus tard. Une douzaine de cas suspects ont été annoncés à Montréal le 19 mai. Trois au Massachusetts la veille. Le fait qu’autant de cas soient détectés en aussi peu de temps et dans autant d’endroits différents —dont l’Espagne et le Portugal— suggère que plusieurs cas ont dû passer sous le radar.
Est-ce le retour de la variole?
Non. C’est plutôt un virus de la même famille que la variole (la famille appelée poxvirus, de l’anglais pox, qui signifie pustules). La variole a fait l’objet d’une campagne massive de vaccination dans les années 1950 à 1970, qui a conduit à son éradication.
Est-ce une nouvelle maladie?
Non. La variole du singe est identifiée depuis les années 1950 et le premier cas observé chez un humain remonte à 1970. De plus, comme les symptômes ressemblent à ceux de la variole, il est possible que des cas aient été observés depuis des siècles, mais aient été toujours confondus avec ceux de la variole.
La maladie ne porte pas le bon nom: bien qu’ayant été découverte chez des singes, elle circule en réalité surtout chez des petits mammifères, comme les rats.
Des éclosions chez des humains se produisent à intervalles réguliers dans des pays d’Afrique centrale et d’Afrique de l’ouest. Les États-Unis ont connu en 2003 une éclosion de 47 cas confirmés dans six États (dont le Wisconsin et l’Indiana). C’était la première éclosion rapportée en-dehors du continent africain. Elle avait son origine dans l’importation de petits mammifères du Ghana.
Depuis, des cas observés ici et là, notamment en Grande-Bretagne en 2018, suggèrent que, ces dernières années, les cas isolés seraient plus nombreux. Cette fois-ci, comme la plupart des cas observés en Grande-Bretagne et ailleurs n’ont pas voyagé récemment, il faut parler d’une « transmission communautaire ».
Comment se transmet le virus?
Pour l’instant, ça fait partie du mystère. Dans les éclosions précédentes, on parlait toujours de transmission par gouttelettes ou par contacts rapprochés, ou par contact direct avec un animal contaminé. Dans le cas présent, parce que quatre des premiers cas britanniques appartenaient à la communauté LGBTQ, cela a amené des experts à s’interroger sur la possibilité d’une transmission par contacts sexuels. Ce serait une première, mais il faut souligner qu’il est trop tôt pour valider cette hypothèse, tant qu’on n’aura pas les résultats des prélèvements sur les personnes contaminées. Il faut aussi savoir que le virus a une période d’incubation d’une à deux semaines —autrement dit, il peut s’écouler une à deux semaines entre le moment où l’on a été contaminé et celui où apparaissent les symptômes.
Faut-il s’inquiéter?
Interrogé dans le Daily Telegraph de Londres, le professeur de médecine de l’Université East Anglia, Paul Hunter, estime que le risque d’infecter une personne dans la même maison serait de 10%. Les cas d’hospitalisations sont rares. L’éclosion des États-Unis, en 2003, n’avait entraîné aucun décès. Les enfants sont toutefois à plus haut risque que les adultes.
Quels sont les symptômes?
D’abord de la fièvre, des maux de tête et des douleurs musculaires. Mais le virus produit surtout une éruption cutanée qui lui est caractéristique, commençant d’abord sur le visage pour se répandre sur le reste du corps, incluant les parties génitales. On compare ces signes à ceux de la varicelle et ça peut provoquer des démangeaisons. L’Organisation mondiale de la santé décrit les symptômes comme pouvant être « légers ou sévères ».
Existe-t-il un traitement?
Bien que le vaccin contre la variole protégeait aussi contre la variole du singe, la campagne de vaccination a cessé il y a environ 40 ans.
Il n’existe pas de médicament pour combattre la maladie, mais il existe des vaccins qui pourraient prévenir la contamination. L’un d’eux a été approuvé aux États-Unis en 2019.