Sans nécessairement « sauver le genre » comme certains l’avaient espéré, Marry Me fait certainement la part belle aux comédies romantiques les plus classiques des duos dépareillés dans toute sa douceur, mais aussi son absurdité. De quoi amuser et caraméliser les fins de soirée, maintenant que le film est disponible en DVD.
Plus de deux décennies après leurs débuts à Hollywood, Jennifer Lopez et Owen Wilson, deux noms qui ne sont plus à présenter, voient leurs chemins qui se recroisent dans un genre qui leur est tout sauf étranger, mais dans un contexte décidément plus différent que Anaconda. Pourtant, bien que leur statut de vedettes ne trouve pas nécessairement un équilibre immédiat avec le sérieux qu’on leur accorde en tant que comédien ou comédienne, il serait dommage de ne pas avouer qu’ils ont chacun prouvé plus d’une fois leur potentiel en participant à un nombre fort valable de productions plus que recommandables. Après tout, Wilson est un collaborateur régulier du réputé Wes Anderson, tout en créant la surprise que ce soit chez Paul Thomas Anderson, Marvel ou même le mésestimé Wonder, alors que Lopez a fait les rumeurs des Oscars à plus de deux reprises après des nominations aux Golden Globes, en plus de jouer pour nul autre que Soderbergh.
Ici, pas question de s’éloigner des attentes, mais plutôt de subtilement les élever. Ainsi, les fans de la diva Lopez ne seront pas dépaysés de la voir interpréter une chanteuse internationale à l’immense popularité, ou de voir Wilson jouer cet homme ordinaire a priori sans histoire, mais de bon cœur. Sorte de Maid in Manhattan inversé, c’est l’homme qui se voit ici poussé vers une certaine gloire sans nécessairement la vouloir, comme c’était le cas dans l’intemporel Notting Hill. Ce féminisme subtil qui préfère trouver l’amour dans son authenticité, plutôt que dans sa quête du mariage absolu trouvait probablement un meilleur écho dans l’hilarant Long Shot, mais ce n’est certainement la révolution qu’il faut rechercher dans Marry Me.
Le film n’en a pas la prétention, de toute façon, alors qu’il aurait été bien plus simple d’en faire la parfaite carte postale et de miser sur le premier rôle du très charismatique Maluma comme modèle et idéal à la fois romantique et masculin. Ce désir de s’éloigner des normes est alors bien plus réussi qu’un Isn’t It Romantic, par exemple, qui dans toute sa maladresse n’arrivait jamais vraiment à parodier avec succès les codes du genre. Sinon, côté réinvention, vaut mieux se tourner vers Michael Showalter, qui l’a fait via un astucieux pastiche avec The Baxter, via l’absurdité avec le pourtant délirant The Lovebirds, mais aussi, surtout, en rafraîchissant le genre lui-même avec le généreux et autobiographique The Big Sick. Il y a aussi eu les Happiest Season et Crazy Rich Asians, pour ne nommer que ceux-là, qui viennent décidément contredire tous ceux qui tentent de clamer la mort de la comédie romantique.
Certes, il y aurait certainement eu la possibilité de mieux creuser ces réflexions sur la vulnérabilité, la chimie ou renouer avec ce qui est vraiment important. Cependant, le film fait preuve d’une bonne foi non-négligeable, principalement parce qu’il s’agit véritablement du projet de J.Lo qui non seulement a produit le long-métrage, mais y a insufflé beaucoup de ses propres expériences pour le rôle de Kat, en plus d’interpréter près d’une dizaine de nouvelles chansons.
Là où le film s’enfarge un peu plus, au-delà de sa durée qui approche dangereusement les deux heures (une norme qui fait de plus en plus mal aux films des dernières années), sans pour autant mieux approfondir la psychologie (même s’il se donne l’impression de le faire), c’est dans son rapport incongru avec notre réalité. Un constat en contraste avec la chimie décidément présente entre les deux protagonistes.
De fait, le film semble exister dans son propre univers en ne parvenant décidément pas toujours à s’avérer crédible autant dans sa représentation aléatoire de la popularité, des réseaux sociaux, de cette capacité d’être continuellement attaqués par des paparazzi sauf lorsque le scénario leur demande de prendre une longue marche en plein milieu de la ville en pleine nuit, ou d’offrir une mise en scène digne d’un gala Artis au Club Soda pour ce qui devrait être vraisemblablement l’événement le plus important et glorieux de toute la planète. Difficile aussi de rire de manière franche à l’idée que cette femme forte qui a bâti sa popularité à partir de rien ne sait pas comment ouvrir une porte barrée sans son garde du corps ou préparer un smoothie par elle-même.

On aurait voulu aussi un peu plus de chair pour les personnages secondaires défendus pourtant avec cœur par Sarah Silverman, John Bradley et la jeune, mais naturelle Chloe Coleman, notamment. À cela difficile de dire si les faiblesses sont dûs au roman graphique dont le film est adapté ou l’un des trois scénaristes aux œuvres précédentes assez divergentes pour certains.
Bien garnie, l’édition DVD n’est pas chiche en suppléments, sauf que ceux qui intéressent se font toutefois plus rare. Les huit scènes supprimées, dont certaines font à peine quelques secondes, n’apportent absolument rien, au même titre que la maigre minute et demie de bloopers fait bien peu rire. Pour les autres segments d’environ cinq minutes chacun, on voit plusieurs aspects de la production, comme l’importance de la musique ou des vêtements, mais la majorité sont surtout là pour valoriser Jennifer Lopez en temps que star, mais aussi comme personne. Les commentaires audio de la réalisatrice Kat Coiro et de la productrice Elaine Goldsmith-Thomas font également un grand étalage de leur reconnaissance envers la mégastar et sa générosité, tout comme de leur affection par moment plus grande que nature pour leur film. De toutes les chansons du film, seulement On My Way a droit à son vidéoclip aux paroles défilantes.
Marry Me est donc une œuvre classique, décidément, mais juste assez soignée et conscientisée pour s’élever au-dessus de bon nombre de productions du genre, dont certaines sont décidément très oubliables (comme la majorité de celle auxquelles Lopez a participé, ironiquement). Le divertissement parfait pour le public averti et pour tous ceux qui veulent finir leur journée ou leur semaine en beauté.
6/10
Marry Me est disponible en DVD et combo Blu-Ray et DVD depuis mardi le 10 mai.