Vivons-nous un âge d’or du jeu de tir rétro à la première personne? Après DUSK, Amid Evil, Ion Fury, voire peut-être Ultrakill, après Prodeus, Project Warlock et probablement une bonne dizaine d’autres, voilà que Nightmare Reaper probablement l’un des titres les plus démentiels du genre, débarque en version « officielle » sur les plateformes numériques.
Dans la peau d’une jeune fille ayant été vraisemblablement profondément traumatisée il y a plusieurs années, déjà, le joueur embarque dans une série de niveaux et d’épisodes qui le mèneront de sombres cavernes à une véritable base lunaire, en passant par des sites industriels, ce qui ressemble fort à un hommage aux mésestimés niveau de Xen, dans Half-Life, et bien d’autres. Le tout avec, entre les mains, un arsenal tout aussi destructeur qu’étrange, entre la vadrouille et le lanceur de têtes nucléaires multiples. Excusez du peu!
Développé par Blazing Bit Games, Nightmare Reaper avait déjà fait un tabac, si l’on peut dire, en accès anticipé. La faute (ou le mérite?) est attribuable non seulement à sa violence survoltée, digne des meilleurs moments de Brutal Doom, par exemple, cette modification bourrée d’hémoglobine pour le cultissime classique des FPS, mais aussi à ses visuels particulièrement audacieux. Car il faut savoir que Nightmare Reaper pèse de tout son poids sur l’appellation « rétro ». Plutôt que de retrouver une esthétique des années 1990, par exemple, le titre est l’un de ceux qui retournent encore plus en arrière, dans un univers théorique de créations en deux dimensions comportant une poignée de couleurs et une limite nette aux nombres de polygones pouvant être affichés en même temps sur un écran.
Rétro, mais pas vraiment
Paradoxalement, le jeu utilise le même truc que d’autres créations du genre, c’est-à-dire que là où les visuels peuvent être qualifiés de « rétro », ou encore de « limités », ils compensent par une orgie de jeux de lumières et d’ombres, et surtout par des effets de particules à n’en plus finir. Débris qui tombent au sol ou qui éclate en morceaux, ricochets sur les murs, flammes qui éclairent les environs et qui dégagent de la fumée… Tout est bon pour épater la galerie. Et lorsque l’on commence à tirer dans une horde de monstres ayant chacun ses propres armées de pixels, surtout s’ils sont entourés d’effets lumineux, par exemple, ou s’ils produisent des flammes, le maelström peut vite recouvrir tout un écran; d’autant plus que les monstres laisseront échapper du sang en grandes quantités, ainsi que des trésors, des munitions, etc.
Sans oublier, bien sûr, notre propre héroïne n’est pas en reste, et pourra combiner des attaques spéciales, notamment des lancers d’éclairs ou des attaques au corps à corps avec flammes à l’appui, pour contribuer à semer la pagaille. Le tout en surplus d’une tonne d’armes fonctionnant sur le principe du rogue-like, avec caractéristiques parfois générées de façon aléatoire. Idem pour les niveaux, une méthode qui montre parfois ses limites, mais qui fonctionne largement sans faille, ici.
La surenchère visuelle est parfois telle, en fait, que le jeu en fera voir de toutes les couleurs à un ordinateur qui devrait normalement être plus qu’équipé pour gérer
L’aspect rogue-like se retrouve aussi du côté des mini jeux, parfois des copies pratiquement entières de titres connus, et qui servent à obtenir des améliorations permettant de développer nos capacités, agrandir notre arsenal, obtenir plus de points de vie… Le tout est bien entendu conservé après notre mort.
Car oui, on va mourir dans Nightmare Reaper, et plus qu’une fois, notamment parce que si la courbe d’apprentissage est relativement peu élevée, la difficulté, elle, est bien présente. Mais mourir fait aussi partie du jeu: en fait, notre héroïne, lorsqu’elle succombera aux attaques des monstres, se réveillera dans la chambre qu’elle occupe dans un hôpital psychiatrique. Hôpital où, d’ailleurs, on entend de bien inquiétants cris. Après avoir pris connaissance des informations expliquant l’histoire, qui sont distillées au compte-goutte comme autant de rapport d’entretiens avec un médecin, le joueur se rendormira pour retourner combattre et repeindre les murs en rouge.
Que retenir de tout cela? D’abord, que le jeu est exigeant, et qu’il faudra y consacrer probablement quelque chose comme 40 heures pour en venir à bout. Ensuite, qu’il s’agit vraisemblablement d’un projet fignolé jusqu’au dernier détail, un véritable travail d’amour. Que cet amour puisse signifier le fait de programmer qu’une arme sera en mesure de lancer des crottes enflammées explosives sur ses ennemis suscite des questionnements, mais il est impossible de nier que Nightmare Reaper est un excellent titre. À mettre entre des mains averties, cependant!
Nightmare Reaper
Développeur et éditeur: Blazing Bit Games
Plateforme: Windows (testé sur Steam)
Jeu non disponible en français
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