Les chemins empruntés par le charmant Sweet Thing sont tous biens familiers. Cela ne l’empêche pas de toucher souvent juste, tellement la sincérité de l’ensemble confirme à tout moment qu’il a été conçu non seulement avec passion, mais aussi du fond du cœur.
Ne vous laissez pas berner par l’introduction, qui indique que le film que vous allez voir est la création d’un certain Adolpho Rollo, une référence subtile et nichée au film In the Soup lancé près de deux décennies auparavant. Sweet Thing est au contraire bel et bien un long-métrage de Alexander Rockwell conçu avec grand soin avec sa famille et ses proches, alors qu’il renoue avec ses deux enfants, Lana et Nico, devant la caméra dans une proposition plus longue et un brin plus ambitieuse que son précédent Little Feet. Ses enfants sont d’ailleurs la raison principale d’écouter le film, leur naturel devant l’objectif étant aussi brillant que désarmant.
Livré dans un splendide noir et blanc nostalgique et granuleux dans un univers intemporel, agrémenté à l’occasion de couleurs et de poésie, le film déambule avec ses deux protagonistes fauchés qui vont là où la vie, toujours imprévisible, les mène.
Le résultat pourrait difficilement être plus convenu, surtout que certains revirements peuvent paraître régulièrement trop écrits. On multiplie quand même des thématiques récurrentes à la pauvreté, de l’alcoolisme aux parents séparés, en passant par les abus et le reste. De plus, bien que tous excellents, les choix musicaux apparaissent également souvent comme un peu simplistes, bien qu’ils ratent rarement leur cible, comment en font foi notamment la présence de la toujours sensible Spiegel Im Spiegel de Arvo Pärt, la toujours entraînante Pata Pata de Miriam Makeba, ou la toujours sublime Sweet Thing de Van Morrison, de laquelle le titre du film est tiré.
Plus une chronique qu’un véritable film d’aventures, comme en fait foi sa conclusion un brin facile, puisque se rapprochant davantage des conventions, on s’attache malgré tout à ses personnages et on savoure les rares triomphes, en plus de craquer devant les nombreuses défaites.
La présence trop courte de Will Patton aidant beaucoup, tout comme celle de Karyn Parsons, ajoute à la complicité d’ensemble, surtout sous la lentille de son époux et aux côtés de ses véritables enfants. De quoi pardonner le côté familier de l’ensemble, puisque justement il s’agit d’une création « familiale », mais pas nécessairement dans l’utilisation habituelle du terme.
À noter également que bien que l’acteur Sam Rockwell apparaisse au générique en tant que producteur exécutif, il n’est toutefois pas relié par les liens du sang avec les autres Rockwell du film.
Si l’on sourit souvent, l’œuvre ne cache pas ses nombreuses parts d’ombres, sans toutefois tomber dans un misérabilisme ou une noirceur insoutenable, conservant continuellement son regard d’enfant.
La création s’est d’ailleurs attiré d’excellents commentaires, prix et mentions depuis qu’il a été présenté, dont le Prix du jury collégial au Festival de Cinéma de la Ville de Québec.
L’édition DVD proposée par Film Movement offre une introduction au film d’environ cinq minutes, où le cinéaste Alexander Rockwell explique rapidement la genèse entourant la création, tout comme de son amour pour le format DVD. On trouve également l’amusant court-métrage The Binding of Itzik de Anika Benkov qui perd de son impact lorsqu’il s’éloigne de son centre, des plus inusité c’est le cas de le dire.
Sweet Thing est donc l’écoute toute désignée pour les jours de pluie, pour s’évader avec bonheur dans un petit pan de vie pas trop loin du quotidien, mais juste assez craquant pour se voir incapable d’y résister.
7/10
Sweet Thing est disponible en DVD via Film Movement depuis le 12 octobre de l’an dernier.
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