Les négociations politiques sur le climat cachent régulièrement des surprises pour les non-initiés. Ainsi, le brouillon de l’entente de Glasgow, publié mercredi, qui mentionne que les pays s’entendent pour accélérer la fin des subventions au charbon et aux carburants fossiles: si ce passage survivait à la version finale, il s’agirait apparemment de la toute première fois que les carburants fossiles sont explicitement mentionnés dans une de ces ententes.
Il faut rappeler que tout texte qui met fin à une conférence des Nations unies sur le climat (COP) doit avoir fait l’unanimité des 196 pays, pour chaque mot contenu dans chaque phrase. C’est entre autres la raison pour laquelle l’Accord de Paris de 2015 est un accord « non contraignant »: un pays qui n’atteint pas ses cibles de réduction des gaz à effet de serre ne fait face à aucune pénalité. Certains pays auraient voulu qu’il soit contraignant, d’autres s’y opposaient.
Mais ça se reflète aussi dans les textes qui, à la fin de la plupart des COP, sont davantage des déclarations de principe que des traités internationaux à proprement parler. Le langage peut devenir extrêmement prudent, de manière à plaire même aux États pétroliers. Au point où, à en juger par les réactions des experts au brouillon publié mercredi, le simple fait d’avoir dans le document une référence directe aux carburants fossiles serait un grand pas en avant. Et ce, même si personne ne proposait de calendrier pour cette sortie « plus rapide ».
Ce n’est pas la seule chose qui sera discutée mot par mot dans ce document. Il est question par exemple « d’encourager » (mais pas obliger) les pays à soumettre des cibles révisées et « renforcées » de leurs réductions des gaz à effet de serre tous les ans —plutôt que tous les cinq ans, comme le stipule l’Accord de Paris. Il est également question d’augmenter la contribution à l’aide aux pays en voie de développement au-delà de la cible actuelle, à partir de 2025. La cible actuelle est de 100 milliards$ par année: proposée il y a une décennie, elle n’est toujours pas atteinte.
Officiellement, la COP26 prend fin vendredi, mais plusieurs des rencontres des années précédentes se sont prolongées pendant toute la fin de semaine pour en arriver à une version finale.