Confrontée à des incursions militaires de plus en plus fréquentes, et de plus en plus ambitieuses, de la part de la puissance chinoise installée de l’autre côté du détroit de Formose, Taïwan déliera de plus en plus les cordons de la bourse, allant jusqu’à dépenser 18 milliards de dollars US, par an, pour sa défense, et ce, d’ici 2026.
Ces données, mises de l’avant par la firme GlobalData, s’inscrivent dans un contexte de projection de puissance par Pékin, qui multiplient les vols d’avions de combat dans la zone d’identification aérienne de Taipei. Depuis quelques jours, c’est ainsi plus d’une centaine de vols de ce genre qui ont été recensés par la défense taïwanaise, au grand dam du gouvernement de l’île et de ses alliés plus ou moins officiels, les États-Unis.
« Le budget militaire de Taïwan est alimenté par les besoins du pays en matière de capacités militaires avancées, qui feront office de mesures de dissuasion face à la superpuissance voisine – par exemple, en acquérant des chasseurs F-16, son premier sous-marin construit au pays et des systèmes de missiles de précision », estime William Davies, analyste chez GlobalData.
« La stratégie militaire de Taïwan reconnaît essentiellement que ce pays ne serait pas en mesure de livrer une guerre totale à la Chine. Il s’agit plutôt de se concentrer sur le fait de conserver des plateformes permettant d’empêcher son voisin d’effectuer des tentatives sérieuses de débarquement – comme l’adoption d’un budget spécial pour des avions de combat, en 2019, ce qui aidera à moderniser les forces armées » de l’île, poursuit-il.
Selon ce que rapporte le New York Times, le ministre taïwanais des Affaires étrangères, Joseph Wu, a reconnu sur Twitter que les nombreux vols chinois étaient effectivement menaçants; le ministère de la Défense, lui, a fait savoir dimanche dernier qu’il « maintenait un état de vigilance importante et réagissait de façon appropriée pour assurer le respect de la sécurité nationale ».
Plutôt que de confronter directement les avions chinois, qui rassemblaient des chasseurs, mais aussi des bombardiers, l’aviation taïwanaise a déployé ses propres chasseurs, histoire de surveiller les appareils de Pékin.
Toujours selon le New York Times, qui cite des données du Pentagone datant de 2020, l’armée chinoise disposait, à la fin de 2019, d’environ 1500 chasseurs et 450 bombardiers et avions d’attaque. Taïwan, de son côté, peut compter sur 400 chasseurs, mais aucun bombardier.
Le gouvernement chinois a toujours soutenu que Taïwan était une province rebelle qui devait être ramenée dans le giron de Pékin. À la suite de la Deuxième Guerre mondiale, les communistes chinois ont triomphé des nationalistes, qui se sont alors réfugiés sur l’île de Taïwan. Cette dernière a été reconnue comme représentant la Chine jusqu’en 1971, au moment où c’est plutôt Pékin qui a commencé à occuper cette « fonction » politique à l’échelle mondiale.