Que les changements climatiques perturbent les moussons, ou saisons des pluies, cela relevait de l’évidence depuis longtemps. Mais des chercheurs viennent d’y ajouter une mise en perspective avec les données d’un million d’années.
En gros, les modèles prédisaient qu’un temps plus chaud allait rendre la saison des pluies, soit de juin à septembre en Asie du Sud, encore plus pluvieuse, et plus dangereuse —risques accrus d’inondations et de glissements de terrain à la clef. La recherche parue le 4 juin dans la revue Science Advances vient taper encore plus fort sur ce clou.
La particularité de cette recherche ne réside toutefois pas dans ses simulations informatiques des climats futurs, mais dans la taille des donnés climatiques obtenus du passé. Pour remonter à plus de 900 000 ans en arrière, les chercheurs ont utilisé la boue: ils ont plus précisément foré dans la partie du golfe du Bengale située à proximité de la côte, pour récolter des « carottes » de boue de 200 mètres de long: cette boue qui s’accumule année après année, lorsque les rivières en crue se déchargent dans le golfe. À l’instar des carottes de glace, la météo d’une année laisse en effet une empreinte: les étés les plus pluvieux apportent plus d’eau douce dans le golfe. Le plancton qui vit à la surface ne le supporte pas et meurt en plus grande quantité, s’accumulant dans la boue au fond de l’eau.
Le fait de pouvoir observer une aussi longue période de temps permet, de plus, de confirmer le rôle du CO2 sur le long terme: les périodes historiques de plus grandes précipitations suivent celles de plus grandes concentrations de dioxyde de carbone dans l’atmosphère. Or, ces fluctuations historiques ne sont rien à côté de la hausse en cours du CO2 depuis à peine un siècle.
Il faut se rappeler que, si la saison des pluies est vitale pour l’agriculture de cette région — qui, avec l’Inde, rassemble le cinquième de la population mondiale — la surabondance des précipitations peut aussi détruire des cultures, prendre des vies et déplacer des millions de personnes. Le portrait qui se dessine, confirment les chercheurs de trois pays qui signent cette recherche, est donc celui d’un nombre accru de « mauvaises » moussons, qui causeront plus de catastrophes humanitaires.