Les snowbirds le disent depuis des mois pour retarder leur retour : les mesures sanitaires sont beaucoup moins sévères en Floride et pourtant, on n’y enregistrerait pas plus d’infections ou de décès attribuables à la COVID-19 qu’au Québec, en proportion de la population. Qu’en est-il vraiment? Le Détecteur de rumeurs a vérifié.
L’origine de la rumeur
Il est vrai que l’État de la Floride a levé en septembre les restrictions relatives à la COVID-19, du moins, officiellement. La Floride n’impose pas le port du masque et les commerces de détail, restaurants et bars peuvent ouvrir à pleine capacité. Il en va de même pour les cinémas, les salles de concert et de spectacles, les musées, les bibliothèques et les arcades. Les gymnases et les centres de conditionnement physique peuvent aussi fonctionner avec une distance sociale appropriée et un assainissement fréquent. Et la plupart des plages sont ouvertes, avec des restrictions.
Au début d’avril, des publications sur les réseaux sociaux ont renforcé les allégations des snowbirds, affirmant que la Floride imposerait peu de restrictions sanitaires et ne verrait pourtant pas encore de hausse des cas ou des décès.
La réalité sur les restrictions
Sauf qu’en réalité, ces règles varient d’un comté à l’autre. Les plus populeux imposaient toujours, en avril, des restrictions pour freiner la propagation de la COVID. Ainsi, les comtés d’Alachua et Broward ont continué d’exiger le port du masque dans les commerces et les endroits publics où la distanciation est impossible, alors que celui de Miami-Dade — le comté le plus peuplé, avec 2,5 millions d’habitants — a imposé un couvre-feu pendant les vacances du printemps, entre le 20 mars et le 12 avril.
Le gouverneur de Floride, le républicain Ron DeSantis, a toutefois limité les droits des autorités locales à appliquer des restrictions plus strictes que celles de l’État. Par exemple, ils ne peuvent restreindre la capacité intérieure des restaurants et bars à moins de 50 % ou imposer des amendes pour non-respect des mesures sanitaires aux particuliers (depuis septembre 2020) et aux entreprises (depuis mars 2021).
La réalité sur les cas
Par ailleurs, dire que la Floride n’a pas connu d’augmentation récente des cas de coronavirus est faux. Un graphique de l’Université Johns Hopkins sur le nombre de nouveaux cas confirmés dans l’État montre au contraire une nette hausse à partir d’octobre (peu après le moment où les restrictions ont été « officiellement » levées) jusqu’à la mi-janvier. Un pic est alors atteint, avec environ 19 500 cas par jour. Survient ensuite une diminution jusqu’à la mi-mars, après quoi la tendance repart à la hausse jusqu’au 20 avril.
Entre le 27 mars et le 23 avril, cela donnait une moyenne de 168 à 200 cas par 100 000 habitants par semaine. En comparaison, au Québec, pour la semaine prenant fin le 23 avril, le taux moyen de nouveaux cas confirmés était de 13,3 par 100 000, soit 12 à 14 fois moins qu’en Floride.
Quant au taux de décès, il était de 2,1 cas par 100 000 personnes pendant la semaine prenant fin le 23 avril, selon le département de la Santé de la Floride. L’État compte 21 millions d’habitants. Au Québec, selon les données de l’Institut national de santé publique du Québec, le taux de mortalité pour la semaine se terminant le 29 avril s’élevait à 1,2 par 100 000 personnes, soit presque deux fois moins qu’en Floride.
Verdict
Les mesures sanitaires sont peut-être moins sévères en Floride qu’au Québec, mais encore cela varie-t-il d’un comté à l’autre. Et dans tous les cas, l’État américain affichait en avril un taux d’infection et de mortalité bien supérieur au Québec.