Alors que le calendrier de vaccination se précise dans les pays riches et qu’on y voit plus clair dans les compagnies qui peuvent espérer voir leur vaccin franchir la ligne d’arrivée, il devient également plus clair que beaucoup de pays devront attendre leur tour pendant très longtemps, si rien n’est fait pour y remédier.
Selon une compilation du New York Times parue mardi, « si toutes les doses qu’ils ont réclamées étaient livrées, l’Union européenne pourrait vacciner ses résidents deux fois, la Grande-Bretagne et les États-Unis, quatre fois, et le Canada, six fois ».
Cela vient du fait que plusieurs pays ont, ces derniers mois, « précommandé » des millions de doses à plus d’une compagnie, puisque personne ne savait alors quel vaccin serait prêt avant les autres.
Les pays riches « ont vidé les étagères », résume Andrea Taylor, une chercheure de l’Université Duke (Caroline du nord) qui étudie ces « précommandes ».
« Même si les gouvernements africains avaient l’argent à mettre sur la table, ce que la plupart n’ont pas, ils ne pourraient pas avoir le vaccin », renchérit dans la revue Science le spécialiste en santé globale John Amuasi, de l’Université de Kumasi, au Ghana.
Le résultat est qu’au rythme actuel de production, le scénario du pire est que certains pays pourraient devoir attendre jusqu’en 2024 pour voir une proportion substantielle de leur population être vaccinée..
À moins que des mécanismes ne soient prévus pour expédier plus vite les « surplus ». Mais même cela pourrait prendre du temps: à l’heure actuelle, le premier vaccin homologué, celui de Pfizer et BioNTech, ne peut pas suffire à répondre à la demande de tous les pays riches en 2021, ce qui signifie que ceux-ci souhaiteront attendre qu’un deuxième, voire un troisième vaccin, ne soit homologué, avant de prendre une décision sur ce qu’ils sont prêts à céder à l’étranger.
L’Inde est de ceux qui s’en sortiront mieux en 2021, note le Times, ce pays pouvant compter sur sa propre capacité de production pharmaceutique. Mais à l’autre extrémité du spectre, on trouve des pays comme l’Égypte, la Turquie ou l’Argentine, dont les commandes ne permettront de vacciner en 2021 que le tiers de la population, ou même 10%, dans des cas comme le Kazakhstan ou le Bangladesh.
La Chine s’est engagée à rendre son vaccin, pas encore officiellement homologué, accessible aux pays en développement. L’Organisation mondiale de la santé quant à elle, a créé plus tôt cette année un fonds, ouvert aux dons publics et privés, destiné à financer l’envoi d’un milliard de doses aux 92 pays les plus pauvres. L’initiative, appelée Covax (COVID-19 Vaccines Global Access), a encouragé le développement de vaccins moins coûteux —le plus avancé à l’heure actuelle est celui d’AstraZeneca. Mais la récolte de fonds tarde (les États-Unis sont de ceux qui n’ont encore rien versé), et même un milliard de doses ne répondrait qu’au quart des besoins.
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