Des dinosaures qui, avant d’être réellement des oiseaux, auraient évolué vers le vol battu – le vol avec un battement d’ailes, contrairement au vol plané – à pas moins de trois reprises: voilà le constat surprenant d’une récente étude portant sur les reptiles géants qui ont occupé notre planète pendant des centaines de millions d’années, avant de largement disparaître et de céder la place aux mammifères.
L’étude en question, qui vient de paraître dans Current Biology, a rassemblé des chercheurs d’un peu partout sur la planète, y compris Hans Larsson, professeur à l’Université McGill, à Montréal. L’équipe scientifique a étudié des fossiles, « élaboré un nouveau système d’analyse pour trouver des branches d’évolution des espèces et estimé la possibilité que chacune des espèces ait franchi le seuil strict pour le vol battu », lit-on dans un communiqué publié par l’université.
« Notre arbre de l’évolution révisé appuie la relation traditionnelle selon laquelle les dromaeosauridés (les « raptors ») et les théropodes troodontidés sont les plus proches parents des oiseaux. Il confirme également que les controversés théropodes anchiornithines étaient les premiers oiseaux », a indiqué Rui Pei, un professeur de l’Université de Hong Kong.
Les troodontidés étaient de petits dinosaures ressemblant à des oiseaux, qui disposaient notamment d’un important plumage.
Pour mieux identifier les dinosaures théropodes qui auraient pu voler en battant des ailes, les chercheurs se sont notamment servis d’indicateurs servant à l’étude du vol des oiseaux vivants.
L’équipe a découvert que le potentiel pour le vol battu avait évolué au moins trois fois chez les théropodes : une fois chez les oiseaux et deux fois chez les dromaeosauridés. « La capacité d’effectuer un vol plané chez certains dromaeosauridés est bien établie, alors notre découverte d’au moins deux origines de vol battu potentiel chez les dromaeosauridés est extrêmement intéressante », a précisé Michael Pittman, un autre professeur à l’Université de Hong Kong.
Ce dernier affirme également que « les incertitudes planant sur les débuts de l’évolution des premiers oiseaux et de leurs proches cousins a nui à notre compréhension des premières formes de vol des dinosaures théropodes ».
Au dire du professeur Larsson, les découvertes de l’équipe de recherche permettent maintenant de tenter d’établir la façon dont les oiseaux sont apparus sur Terre.
« Nous avons pu cartographier les limites biomécaniques de toutes ces espèces et présenter une image de l’expérimentation dans un spectre allant du quasi-vol à la pleine capacité de voler chez ces formidables petits carnivores. Cette représentation va à l’encontre du modèle simple de l’origine des oiseaux présentant une évolution linéaire, et en propose plutôt un où une importante radiation de dinosaures à plumes expérimentait de nombreux types de modes de locomotion assistés par des ailes. Je crois que c’est la vision la plus réaliste de l’origine des oiseaux que nous avons eue à ce jour », a-t-il ajouté.