C’est reparti pour un tour: trois ans après le premier volet, The Division 2 débarquait sur Xbox One, PlayStation 4 et PC. Après New York, c’est au tour de Washington D.C., la capitale américaine, de faire l’objet d’une lente reconquête par les agents de cette section spéciale du gouvernement chargée de restaurer une partie de ce qui s’appelait les États-Unis. Et comme la première déclinaison, le titre se veut ambitieux, mais déçoit, en bout de ligne.
Même principe, mais dans un nouvel environnement: on retrouve cette quête des nombres, ces nombres qui correspondent aux dégâts infligés par les armes, aux points de vie, au nombre de niveaux, etc. Avec, peut-être, quelques modifications positives de la part des développeurs de chez Ubisoft. Terminées, certaines quêtes redondantes et ennuyantes, comme l’activation de systèmes d’aqueduc, ou la recherche de systèmes d’analyse dans des bâtiments abandonnés à la suite du déclenchement d’une épidémie artificielle qui a dévasté le globe. On retrouve plutôt, dans ce Washington post-apocalyptique, une meilleure impression de justement se trouver dans un monde tentant de survivre à une catastrophe. Il y a bien sûr notre base d’opérations, mais là où cette base, dans The Division 1, n’était en fait qu’une zone sécurisée où l’on pouvait généralement faire le plein de munitions, et potentiellement trouver de nouvelles missions, ces zones existent aussi dans le nouveau titre, mais les missions plus poussées, elles, se trouvent du côté de petits villages répartis dans la zone sud de Washington.
C’est donc là que l’on trouvera les vendeurs de matériel, les missions les plus poussées (en-dehors des missions principales de la campagne et de certaines autres missions optionnelles), ainsi que l’option de développer ces communautés: en accomplissant les missions secondaires, justement, cela permettra à ladite communauté d’ajouter une serre, par exemple, ou un système de filtration d’eau. Avec, à la clé, divers bonis et avantages pour le joueur, y compris sous la forme de points d’expérience, d’armes, d’armures, etc.
Il y a aussi ces points de contrôle, normalement occupés par divers groupes criminels généralement lourdement armés, qu’il faudra non seulement conquérir, avec combat contre un adversaire blindé à la clé, mais qu’il faudra aussi défendre contre une contre-attaque immédiate. Pas le temps de souffler, voilà une nouvelle vague d’assaillants. Fort heureusement, il est habituellement possible de faire appel à des alliés qui, s’ils ne sont pas les plus efficaces du monde, n’en sont pas moins relativement utiles.
Tout cela donne une plus grande impression de vie dans un monde qui en semble aussi complètement vidé, de façon particulièrement paradoxale. Car qui dit monde post-apocalyptique, de surcroît dans un contexte d’épidémie, devrait dire cadavres, corps en putréfaction et autres charniers. Pourtant, si l’on peut trouver ici et là des corps sous des bâches, peu ou pas de traces de cette population décimée par une version modifiée de la variole. Où est tout le monde? Le jeu indique clairement qu’il reste un semblant d’organisation étatique, et probablement des centres de population qui n’ont pas été touchés par le virus. Après tout, on a régulièrement droit à des largages d’armes que l’on peut récupérer. Il y a aussi quantité de bâtiments qui sont toujours alimentés en électricité, y compris des réseaux informatiques et des systèmes de télécommunications. Tout cela nécessite généralement des techniciens, des employés d’usine, des pilotes d’avion pour les cargos qui transportent les munitions, etc.
Pourtant, il ne faudra jamais reprendre une usine, une autoroute, un entrepôt. Jamais il ne faudra défendre un point de contrôle durement repris… Enfin, pas avant d’avoir terminé la campagne solo et qu’on nous impose, tout de go, de nouveaux ennemis encore plus forts. Jamais, non plus, il ne faudra se battre becs et ongles pour éviter que notre principale base d’opérations ne tombe aux mains de l’ennemi. Et il s’agit de la Maison-Blanche!
Politique? Quelle politique?
Cet aspect force d’ailleurs à souligner l’hypocrisie, ou encore l’aveuglement volontaire pratiqué par les développeurs de chez Ubisoft. Ou est-ce plutôt la faute des gens des relations publiques?
Quoi qu’il en soit, le studio avait affirmé, de façon franchement absurde, que The Division 2 n’était pas un jeu connoté sur le plan politique. Pour un jeu de tir à la première personne se déroulant dans un monde post-apocalyptique où la survie du gouvernement américain dépend d’une série de soldats sans supervision, et de surcroît dans la capitale américaine, et où les missions sont données à partir de la Maison-Blanche, dire que ce titre n’est pas politique, c’est franchement fort de café!
Ajoutons à cela le fait que l’un des groupes armés que l’on combattra s’appelle The True Sons, et est composé d’ex-soldats et de mercenaires oeuvrant sous les ordres d’un général ayant trahi son pays pour l’équivalent de « redonner à l’Amérique sa grandeur », et on a souvent envie de hurler soit à l’incompétence, soit à l’obstination. Tout est politique, dans ce jeu, du début à la fin, y compris les kamikazes membres d’un autre groupe qui vont littéralement courir vers le joueur pour ensuite actionner leur charge explosive. Ne s’agit-il pas de terrorisme? Est-ce que le terrorisme n’est pas politique par définition?
Le pire, c’est que tous les éléments sont généralement présents pour faire de The Division 2 un très bon titre, voire un excellent jeu. Les décors sont richement détaillés, la musique est franchement entraînante, les enjeux sont presque à portée de main… Dommage, toutefois, qu’on ne présente aucune zone d’ombre, aucune nuance dans la structure scénaristique: tous les méchants ne sont que des personnages anonymes sur lesquels il faudra tirer des dizaines, voire des centaines de balles. Et les trois chefs de bande, avec qui on pourrait tisser des liens, ne serait-ce que pour mieux les détester, ne sont jamais que des noms, sans qu’ils s’adressent directement aux joueurs, ou qu’ils tentent de nous convertir à leur cause.
Peut-être que The Division 3 saura enfin exploiter le plein potentiel d’une franchise prometteuse. En attendant, The Division 2 permet de se changer les idées en tirant sur des gens, mais certainement pas le plein prix exigé par Ubisoft ou l’Epic Games Store.
The Divison 2
Développeur: Massive Entertainment
Éditeur: Ubisoft
Plateformes: Xbox One, PlayStation 4, Windows (Epic Games Store) – testé sur Windows
Jeu disponible en français