Depuis le 6 septembre et jusqu’au 14 octobre, le théâtre Jean-Duceppe présente, en collaboration avec Le Trident et LAB87, Quand la pluie s’arrêtera. Il s’agit d’un texte d’Andrew Bovell, traduit et mis en scène par Frédérick Blanchette. Dans la distribution, on retrouve Véronique Côté, Normand d’Amour, David Laurin, Christian Michaud, Alice Pascual, Marco Poulin, Paule Savard, Linda Sorgini et Maxime Robin.
Montée pour la première fois en 2008, la pièce a beaucoup voyagé et on l’a souvent présentée comme une pièce environnementale, une pièce engagée sur le plan des changements climatiques. Pour ma part, j’ai trouvé que les allusions au climat étaient surtout anecdotiques et passablement plaquées. L’histoire se déroule à des époques différentes, mais toujours dans des périodes de pluie prolongée. Quand les personnages se plaignent du mauvais temps, on en profite pour relater des événements climatiques du passé. Mais l’histoire se passe ailleurs. Elle se déroule tout autour de relations familiales ou amoureuses qui sont toutes incomplètes, car les protagonistes sont incapables de communiquer, de s’engager. Chacun veut fuir, se cacher ou encore devenir quelqu’un d’autre, ce qui revient au même.
Toute la pièce est construite sur des aller-retour entre les générations et il devient vite évident que les malaises des parents se sont transmis aux enfants qui répètent les mêmes erreurs et qui sont aux prises avec les mêmes non-dits, le refus d’entendre le sentiment de l’autre, le refus de se livrer réellement. C’est l’incommensurable incommunicabilité de l’être.
D’une durée de 110 minutes, sans entracte, la représentation n’est jamais ennuyeuse. Le jeu des comédiens est juste et ils sont quelques-uns à se démarquer. Personnellement, j’ai surtout apprécié le jeu de D’Amour, Sorgini, Laurin et Pascual. Le seul qui m’ait laissé sur ma faim, c’est Maxime Robin que j’aurais souhaité plus expressif, plus troublé par la situation de la scène dans laquelle il intervient.
La mise en scène de Frédéric Blanchette est juste assez originale et fluide pour rendre le tout bien vivant malgré un rythme calme imposé par le texte. Les décors de Marie-Renée Bourget Harvey sont simples et efficaces, les éclairages d’André Rioux font le travail et les costumes d’Elen Ewing ont la qualité de ne pas colorer les personnages et de laisser l’interprétation s’en charger. La musique de Pascal Robitaille se démarque peut-être davantage par ses qualités dramatiques très bien adaptées au texte.
Tout ça mis ensemble nous offre du théâtre très professionnel, du bon théâtre, mais pas la merveille que certains ont annoncée.