« Il y a deux langues officielles au Canada: l’anglais et la traduction simultanée. » La blague est peut-être éculée, mais la dualité linguistique de la fédération canadienne continue de diviser politiciens et citoyens ordinaires.
Voilà qu’à l’approche des 50 ans de la Loi sur les langues officielles, qui a consacré la mise sur pied d’égalité théorique du français et de l’anglais au sein des institutions fédérales, le Commissariat aux langues officielles appelle, par la voix de sa commissaire par intérim, Ghislaine Saikaley, à un « examen de l’état de santé du régime linguistique ».
Dans son rapport annuel 2016‑2017 déposé jeudi au Parlement, Mme Saikaley explique que la seule révision majeure de la Loi remonte à 1988. Depuis, de nombreuses années se sont écoulées et plusieurs changements ont marqué la société canadienne et les modes de prestation de services du gouvernement à l’intention du public, peut-on lire par voie de communiqué.
« Il est essentiel de tenir compte des situations particulières vécues par les communautés de langue officielle en situation minoritaire. Plusieurs facteurs sociaux, économiques et culturels, dont l’apport important en immigration, ont une incidence directe sur leur vitalité. Par exemple, les médias qui servent ces communautés ont dû changer leurs pratiques en raison de l’utilisation accrue d’Internet par les institutions fédérales pour diffuser des publicités ou des avis publics », a par ailleurs affirmé Mme Saikaley.
Le Commissariat affirme par ailleurs être intervenu auprès du gouvernement fédéral, de parlementaires et de membres de la fonction publique « afin de s’assurer que les enjeux de communautés de langue officielle sont pris en compte et de contribuer à ce que les mesures mises de l’avant par le gouvernement soient orientées vers l’atteinte de résultats concrets ».
« Au cours de la prochaine année, nous comptons entreprendre un exercice de réflexion, en consultation avec les communautés de langue officielle, afin de déterminer les modifications envisageables à la Loi. Les résultats obtenus lors du sondage réalisé par la firme Nielsen en 2016 pour le compte du Commissariat démontrent que le public canadien appuie fortement les objectifs de la Loi; le temps est propice pour entamer une discussion », a ajouté Mme Saikaley.
Selon les données de Statistique Canada, entre 2006 et 2011, le nombre de personnes ayant déclaré pouvoir soutenir une conversation dans les deux langues officielles du Canada s’est accru de près de 350 000 personnes, atteignant 5,8 millions. Le taux de bilinguisme est ainsi passé de 17,4 % en 2006 à 17,5 % en 2011. Cette hausse serait principalement due à l’augmentation du nombre de Québécois déclarant pouvoir soutenir une conversation dans les deux langues.
L’agence fédérale précise également que 6,6 millions de personnes vivant au pays ont déclaré parler une autre langue que le français ou l’anglais à la maison, soit environ 20% de la population, en date de 2015.