Quoi de mieux, pour ce journaliste, que de compléter sa couverture de l’édition 2017 du Festival TransAmériques (FTA) par un cabaret théâtralo-littéraire sur cette métropole un peu « toute croche » qui célèbre son 375e anniversaire?
Dans la Cinquième Salle de la Place-des-Arts, c’est une brochette de comédiens, mais aussi d’auteurs et d’artistes qui déversent amour et haine sur cette ville que l’on présente comme indéfinissable. Des hommes, des femmes, des gens nés ici, des gens nés ailleurs, des personnes ayant grandi à Montréal, d’autres y ayant déménagé plus tard… nos maîtres de cérémonie cumulent les témoignages recueillis ici et là.
Pas question de peindre un portrait idyllique: après tout, qui a dit que la vie était merveilleuse au pays du cône orange, de l’omnimaire et des nids-de-poule? Si les critiques pleuvent, toutefois, on ajoute bien souvent les fleurs à ce pot parfois garroché de toutes ses forces. Car on l’aime bien, en fait, cette ville un peu déglinguée, aux 1000 clochers, odeurs, saveurs, couleurs.
On l’aime tellement, en fait, que les créateurs de Jusqu’où te mènera Montréal? ont décidé de dépêché une poignée d’auteurs et autres artistes dans divers quartiers qu’ils connaissent moins bien. À l’image d’une expédition dans un pays étrange et exotique, voilà que nos raconteurs narrent leur découverte de Saint-Michel, Villeray, Westmount ou encore Hochelaga-Maisonneuve. À chacun(e) son style, sa structure de récit… mais tous racontent un clash plus ou moins prononcé. Et dans les gradins, le public rigole à gorge déployée, quand il n’est pas ému par ce qu’on raconte sur scène, des tranches de vie ou ces petites injustices qui constellent les ruelles, les rues et les boulevards de la grande ville.
Tout cela est bien agréable, et on découvre avec ces gens tous ces petits aspects qui semblent prendre le devant sur un véritable sens d’unité municipale,- au grand désespoir, fort probablement, de nos dirigeants politiques.
Toutefois, le spectacle aurait peut-être gagné à couper un peu dans le gras. On s’amuse fort, par exemple, alors que le côté beige de l’existence à Beaconsfield et Baie-d’Urfé est décrit en long et en large, mais est-ce vraiment nécessaire d’étirer la sauce à ce point? Utiliser cette formule pour deux, trois, voire quatre quartiers, passe encore, mais après deux heures, on se prend à sérieusement regarder sa montre. Peut-être aurait-il fallu aller davantage à l’essentiel, histoire de condenser quelque peu l’expérience.
Autrement, Jusqu’où te mènera Montréal est une oeuvre particulièrement intéressante, loin de la critique acerbe des banlieusards et des gens de Québec, mais aussi bien loin de la complaisance des officines touristiques et des descriptions des entrepreneurs en construction bien heureux de vendre du rêve en quatre murs de béton cheap préconstruit identiques aux quatre murs des immeubles aux alentours.