Adapté d’un roman graphique par l’auteur lui-même, Wilson aurait dû être amusant, éclaté et réfléchi, ce qu’il n’est que bien peu, malgré le bon vouloir de toute l’équipe autant devant que derrière la caméra.
Si le cinéaste Craig Johnson s’intéresse encore aux mésadaptés sociaux et qu’il ne peut pas s’empêcher de répondre à l’appel de la douceur et de la tendresse qui définit son style, il doit malgré lui faire du mieux qu’il peut avec le scénario beaucoup plus acéré qui lui offert, le premier dont il ne s’est pas chargé de l’écriture.
C’est que Wilson nous parle du personnage du même nom, un homme assez direct qui n’a pas la langue dans sa poche et n’a pas peur de dire et faire tout ce qu’il pense, ce, avant même d’envisager les répercussions qui s’ensuivent. Approchant un véritable point de non-retour dans sa vie, il décide de retourner vers des éléments majeurs de son existence histoire de retrouver un certain équilibre dans un dernier espoir de donner un sens à tout ce qui l’entoure, au risque de devoir tout changer.
Avec des répliques qui sont livrées avec panache par un attachant Woody Harrelson (pas dans son rôle le plus à l’aise toutefois), le film ne manque pas de situations qui ont le potentiel de faire rire ou sourire, surtout parce que la distribution est excellente et que Laura Dern (étonnamment calme et un brin moins névrosée qu’à ses habitudes jusqu’à un certain point) forme un excellent duo avec ce dernier. De plus, d’autres noms de mention habitués des productions plus indépendantes se partagent la vedette, allant de Judy Greer à Margo Martindale, voire jusqu’à Lauren Weedman, et même Cheryl Hines.
Malheureusement, le long-métrage aurait bénéficié d’un style plus agressif et un rythme beaucoup plus vivant et imprévisible à l’image de son protagoniste. Puisque Johnson priorise une délicatesse qui ne cadre pas avec la vision sombre et sarcastique de l’auteur Daniel Clowes. Ainsi, le film ne trouve jamais véritablement son ton et se laisse difficilement endurer tellement il paraît décidément plus long qu’il ne l’est parce qu’il ne lève jamais vraiment.
C’est dommage parce que partout on y décèle les possibilités d’un film un brin intéressant, que ce soit dans cette jolie façon de filmer le tout à échelle humaine, dans les compositions du vétéran Jon Brion ou dans cette réflexion sur la vie qui est abordée d’angles qui sortent assurément de l’ordinaire. Aussi parce qu’on garde un merveilleux souvenir du très beau The Skeleton Twins, film précédent du cinéaste. Malheureusement, les philosophies sur la vie et la famille qu’on retrouve ici finissent davantage par avoir l’air douteuses et on a vite hâte d’en finir même si le tout se termine néanmoins sur une touche des plus mignonnes
Wilson est donc un beau lot d’opportunités ratées qui vaut le détour pour les admirateurs des interprètes qui font le mieux avec ce qu’on leur permet. Pour le reste, on repassera.
5/10
Wilson prend l’affiche en salles ce vendredi 24 mars.