Il y a cinq ans déjà, le cinéaste Jean-Pierre Améris brisait son parcours cinématographique pour livrer une comédie romantique d’une grande sensibilité avec Les émotifs anonymes. Dommage que ce bon coup n’a jamais eu de suite et que les retrouvailles avec Benoît Poelvoorde donnent seulement cette piètre excuse pour la romance qu’est Une famille à louer.
Tous les éléments y sont ou du moins semblent y être, mais même les habituellement excellents Benoît Poelvoorde et Virginie Efira n’arrivent pas, au comble de leur manque de chimie palpable, à faire oublier la grande dose de chansons pop anglophones et sirupeuses qui caramélisent tout le long-métrage supposément romantique. Les ultimatums qui prennent d’autres formes, on l’a vu cent fois et on le verra cent fois encore tellement cela donne lieu à des comédies romantiques de toutes natures.
Pourtant, ce A Walk to Remember français et plus « adulte », n’en déplaise à sa très mauvaise façon d’aborder les classes sociales et la pauvreté, est dénué de toute cohésion et sonne faux de son début jusqu’à sa toute fin.
Paul-André est en dépression et se noie dans sa richesse jusqu’au jour où il a une illumination lorsqu’une femme arrêté pour agression envers un agent de sécurité dans un supermarché clame l’importance de la famille comme le remède à tous les problèmes. Lui vient alors l’idée de la payer pour un temps limité pour lui donner une famille de substitution (comme la sienne, froide, n’a jamais vraiment eu le réconfort souhaité).
Et étrangement, en semblant reprendre tous les tics un à un de son excellente performance dans Les émotifs anonymes dont on parlait plus tôt, dans cette histoire d’imposture et de relation forcée, on a l’impression d’y trouver une suite aussi improbable, non reliée et surtout non souhaitée au dit film, laissant croire que Poelvoorde n’aurait accepté le rôle que par courtoisie pour Améris, qui ne sait plus quoi faire de ses productions, après avoir également traîné Isabelle Carré, l’autre vedette du bon film, dans une autre production de qualité moindre.
Bien sûr, avec la prémisse décrite plus tôt, il y aurait pu y avoir des situations cocasses (autant dans le réalisme ou encore l’absurde tout dépendant le ton qu’on aurait voulu adopter) ou même des personnages secondaires amusants, comme il n’est pas surprenant d’y voir des révélations dans ces ressorts comiques dans le genre romantique, mais il n’en est rien. De la mise en scène forcée jusqu’au scénario gribouillé sur un bout de napperon où s’enfilent des milliers de fils blancs menant à une finale aussi inconcevable que prévisible, Une famille à louer n’a pas la moitié du charme auquel il aspire.
Dommage alors que malgré quelques sourires ici et là parce que les deux interprètes principaux sont néanmoins irrésistibles lorsqu’on les laisse à eux-mêmes, que ce feel-good movie qui veut jouer la carte familiale et romantique en un seul film, finit par tourner en rond en poussant le spectateur à se souhaiter qu’il l’oublie bien plus vite qu’il l’aura subi.
4/10
Une famille à louer est disponible en DVD au Québec via TVA Films depuis le 30 août 2016.